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IAD pour les couples de femmes : réactions au sondage La Croix/IFOP

Sondage La Croix/IFOP

Les réactions au sondage La Croix/IFOPdu 3 janvier 2018 sont finalement nombreuses et se sont succédé entre déception, colère et esprit combatif. Il s’agissait, rappelons-le, pour l’institut de sondages de prendre, en ce début d’année 2018, la température de l’opinion à propos des chauds dossiers de bioéthique, notamment de l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes (en réalité IAD, insémination artificielle avec donneur). Quelle n’a pas été notre surprise – une fois encore hélas ! – de voir le journal de référence du christianisme s’embarquer dans ce qui pouvait être interprété comme une forme d’acceptation à tout ce que nous combattons depuis quatre ans, la déconstruction programmée de la filiation.

Florilège…

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Rendez-vous le 6 février au Centre Sèvres

Mardi d’éthique publique du 6 février 2018 : États généraux de la bioéthique : quelles méthodes ? Quels enjeux ?

Avec la participation de :

  • Jean-François Mattéi, ancien ministre de la santé, ancien Président de la Croix Rouge, membre de l’Académie nationale de médecine
  • Bruno Saintôt, Jésuite, DEA philosophie (Lyon III), DEA théologie (Centre Sèvres). Maître assistant en philosophie, responsable du Département Ethique biomédicale. Recherches sur le lien entre anthropologie (philosophique et théologique) et éthique.

Soirée animée par Jean-Luc POUTHIER et François EUVÉ

Entrée et participation libres

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Lire l’article sur le site d‘Atlantico parlant des “scores soviétiques” du sondage La Croix/IFOP.

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Lire l’article sur le site de l’Opinion “Comment Macron veut imposer la PMA pour toutes”.

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Extrait d’À la Source sur KTO.

Le 4 janvier 2018

Sondage La Croix/IFOP : Guillaume Goubert, directeur de La Croix et Antoine Pasquier rédacteur en chef de Famille chrétienne.

Le 11 janvier 2018

Dossier spécial “États généraux de bioéthique”. Tugdual Derville, secrétaire général d’Alliance Vita.

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Lettre ouverte au directeur de La Croix de Frère Jean-Marc Miele sv

Cher Guillaume Goubert,

Monsieur le Directeur de La Croix,

Merci beaucoup pour votre réponse à ma Lettre ouverte du 6 janvier dernier adressée à votre confrère Loup Besmond de Senneville et qui se voulait une réaction à chaud sur le dossier du 3 janvier publié par La Croix et faisant écho au sondage que vous avez demandé à l’IFOP : “Bioéthique, ce qu’en disent les Français”. J’exprimais, dans cette lettre, combien j’ai trouvé l’article de Loup Besmond de Senneville trop lénifiant sur un sujet aussi capital, regrettant vivement en particulier que la présentation du sondage que vous avez publié ne s’accompagne pas – malgré il est vrai la belle introduction faite par votre éditorial – de l’amorce d’un débat de fond et de la mise en évidence des fondamentaux et des grands enjeux de la filiation humaine ! Un petit peu comme si vous faisiez paraître un sondage en disant : “Voilà, d’après un sondage, 60 % des Français sont pour l’instauration du communisme ou du nazisme dans notre pays” et que vous ne présentiez même pas cela comme un danger pour les personnes et la société, laissant même entendre que c’est une évolution inéluctable dans le contexte actuel… Dès lors, sans tout de même aller jusqu’à dire que cela va dans le sens de l’histoire et du progrès ! A tout le moins vous le laisseriez penser… Ce qui serait de la collaboration avec un régime inhumain ! Et tout au moins de la non-assistance à Humanité en danger ! Or c’est un peu le même problème avec votre numéro du 3 janvier dernier, l’humanité est en danger à cause des atteintes à la filiation humaine et vous ne donnez aucun argument pour la défendre, vous contentant de produire un sondage qui semble incliner fortement vers des dérives en matière de filiation que vous laissez entendre être plutôt inéluctables ; vous n’en êtes pas (encore ?) à dire que ça va dans le sens de l’histoire mais vous le laissez penser, vous seriez donc si vous ne réagissiez pas, coupables de non-assistance à Humanité en danger !

De plus, outre l’absence criante d’un débat de fond dans vos colonnes sur ce sujet vital de la filiation, je pense que ce qui a manqué dans votre numéro du 3 janvier c’est aussi une bonne autocritique de votre sondage. Nous le savons, les sondages ont leurs limites et il faut toujours bien analyser la façon dont les questions y sont posées et qui peut bien souvent infléchir les réponses dans un sens ou dans un autre. Or je pense que c’est vraiment le cas de votre sondage comme de tout ceux qui paraissent ces temps-ci sur ce sujet sensible de la bioéthique (cf. en autres le sondage qui est paru dans l’Express tout récemment). Puis-je donc vous suggérer avec instance de bien vouloir, dans les jours qui viennent, faire effectuer par votre équipe et par des personnes extérieures à votre journal une bonne autocritique de votre sondage pour en bien mettre en évidence notamment les a priori idéologiques contenus dans les questions et effectuer une bonne analyse sociologique et spirituelle des réponses.

Ainsi, il vous faut donc à l’évidence, en tant que journalistes chrétiens, animer ce débat en partant, non d’une base sociologique ténue et peu fiable, mais d’une solide base anthropologique, philosophique et théologique. Vous dites d’ailleurs vous-même qu’il faut nourrir ce débat de bons “arguments affûtés” ; fort bien ! encore faut-il que ces “arguments affûtés” viennent urgemment nourrir votre réflexion et celle de vos lecteurs en inondant vos colonnes ! Or depuis la publication de votre sondage, qui a assommé vos lecteurs comme un coup de massue, je n’ai rien vu paraître pour continuer le débat que vous avez lancé dangereusement sans apporter jusqu’à présent la moindre réflexion de fond ! Vous avez, en publiant ce sondage, jeté imprudemment un pavé dans la mare et semé le désarroi ! Les catholiques et les gens de tout bord sont assommés, désorientés et vous ne donnez aucune idée directrice, vous n’indiquez aucune direction vitale ; on va dans le mur et vous n’alertez pas !… Il ne suffit pas de jeter un pavé dans la mare, il faut maintenant sans aucun doute nettoyer la mare pour donner à l’écosystème de celle-ci d’être vraiment un lieu vital et bio pour notre humanité en danger, un espace vital où elle va pouvoir grandir toujours en humanité dans la belle harmonie voulue par notre Créateur et non dépérir par manque d’oxygène je veux parler d’esprit de foi, mais aussi bien sûr de réflexion de fond et de volonté déterminée à donner à notre pays des lois vraiment respectueuses de l’humain !

De plus vous donnez la parole dans vos colonnes à Jérôme Fourquet qui explique l’évolution des mentalités par la “disparition de la vieille matrice structurante de la société et clairement d’inspiration chrétienne”… et vous le citez pareillement sans commenter… Or cela aussi mérite une réflexion de fond car notre christianisme, nous le savons bien, est un ferment de renouveau pour tous les temps, tous les lieux et tous les hommes ! Jésus a sauvé ce monde et, en germe, nous sommes ressuscités et toutes les réalités humaines sont déjà sauvées ! La rédemption du monde par Jésus n’est pas un échec ! Et si, certes, le christianisme est plus ou moins visible dans les sociétés, c’est qu’il est toujours ferment dans la pâte, plus ou moins visible mais toujours bien à l’œuvre ! C’est là notre Foi ! Mais… si on dit en substance : voilà, 60 % de nos contemporains semblent être favorables à la PMA pour toute femme y compris les femmes seules, ainsi qu’à la GPA, etc… et que l’on suggère par des citations de personnes agnostiques et quelque peu anticléricales que cela est inéluctable dans une société où le christianisme n’aurait plus aucune influence… on laisse croire que le pire est inéluctable et que Jésus à connu un échec ! Non ce n’est pas la disparition de la douce lumière de la Crèche, de la douce lumière de la Foi, qui nous manque, elle brille dans la nuit de ce monde et elle continue à inonder notre monde de ses rayons bienfaisants. Le problème est que bien souvent, disons-le, nous mettons cette lumière sous le boisseau et que nous ne lui permettons pas d’inonder notre cœur, notre entourage, notre société, car nous avons peur aussi parfois d’un laïcisme qui voudrait nous cantonner à ne croire que pour nous-mêmes sans partager cette lumière au monde… “N’ayez pas peur !” nous disait saint Jean-Paul II !… Le 22 octobre 1978, place Saint-Pierre, pour inaugurer son pontificat :  « Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ à sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, des systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement. » Laissons, en ce XXIe siècle cette injonction “N’ayez pas peur !” résonner dans notre France fille aînée de l’Église !

Et puis, ajoutons aussi que le débat sur la filiation humaine n’est pas un débat d’Église simplement ! En soi nous n’avons pas à le confisquer mais à l’éclairer, car ce n’est pas un débat touchant directement au domaine ecclésial c’est le débat à mener par l’humanité elle-même, pour assurer son assise fondamentale et pour s’épanouir pleinement et ne pas se trouver esclave de la dictature de l’individu surpuissant qui voudrait maintenant fabriquer des enfants à sa mesure et pour son intérêt mercantile ou guerrier… ou les sélectionner en fonction de critères subjectifs… Nous le voyons, ce n’est pas un débat d’Église ou purement interne au christianisme, c’est le débat de l’humanisme, de l’humanité qui doit se défendre contre de telles dérives et s’orienter à nouveau et toujours vers le beau, le bien, le vrai, vers l’accueil de la vie dans toute sa beauté, sa grandeur, sa dignité, sa dignité infinie ! Alors certes le christianisme, lui, doit diffuser la douce lumière de la Foi, la douce lumière de la Crèche qui est un surcroît de sens pour notre monde aujourd’hui, un surcroît de sens pour éclairer l’humain, divinisé dans le Christ !

Ainsi, ce grand débat sur les questions à l’ordre du jour du gouvernement pour la révision de la loi de bioéthique en 2018 ne fait que commencer, mais il ne faudrait pas qu’à peine commencé il cesse ! Or, déjà dans vos colonnes depuis quelques jours on n’en n’entend plus parler, c’est pourtant là, et vous en conviendrez, le sujet le plus important cette année alors notamment que nous devons préparer les États généraux de la bioéthique durant ces tout prochains mois.

Aussi, pour préparer des cahiers de doléances qui seraient remis en juin prochain aux Etats généraux de la bioéthique, je vous fais la proposition que dans La Croix il y ait une chronique paraissant régulièrement et donnant la parole à plusieurs acteurs catholiques de ce débat, dans des interviews réalisées ou dans des articles qu’ils publieraient, interviews et articles qui seraient ensuite commentés par vos journalistes. Vous pourriez ainsi enclencher un débat constructif et vraiment démocratique et lutter efficacement contre la désinformation ! Car les gens ne savent pas, par exemple, ce que cela entraînerait comme conséquences désastreuses que la PMA soit accordée aux femmes seules. Aussi, si vous ouvriez le débat et l’animiez dans le bon sens et si tous les médias chrétiens faisaient de même, je pense que nous verrions vite les chiffres du sondage que vous avez publié s’inverser…

Vous pourriez aussi donner la parole aux gens simples qui voudraient réagir mais qui ont un peu peur de le faire devant le matraquage médiatique qui range les cathos notamment dans la catégorie des ringards, des rétrogrades toujours à la traîne des évolutions sociales. Or c’est un journal comme le vôtre qui doit se faire porteur de la réflexion de fond des catholiques comme de leurs attentes, et pour cela leur donner la parole !

Ainsi je vous fais la proposition que vous soyez acteurs et mêmes promoteurs dans vos colonnes de ce débat, que vous l’animiez en des interviews faisant appel largement à toutes les tendances catholiques, que vous fassiez également largement écho à certaines initiatives qui vont actuellement dans ce sens, entre autres cette réunion du 12 janvier à Segré dont l’optique est de réunir des catholiques et des hommes de bonne volonté de toutes tendances autour de Gaëtan de la Rousserie (responsable de la Manif pour Tous dans le Maine et Loire), de Virginie Tellenne (alias Frigide Barjot, responsable nationale de l’Avenir pour tous), du Père  Emmanuel d’Andigné curé de la paroisse de Segré, ainsi que de Guillaume de Thieulloy responsable du Salon Beige.

Un grand débat largement ouvert aux catholiques de toutes les sensibilités et à tous les “réseaux” cathos, un grand débat mettant en lumière les fondamentaux et les grands enjeux de la filiation humaine, voilà, je pense, l’ouverture et l’évolution du journal La Croix à laquelle vos lecteurs aspirent ! Eux qui vous apprécient, par ailleurs, dans bien des domaines : politique étrangère, questions sociales concernant le monde du travail, notamment, etc…, mais qui vous seraient grandement reconnaissants et vous demandent même, par ma plume, avec instance, de permettre au grand débat attendu par eux sur les questions de bioéthique d’avoir lieu notamment dans vos colonnes ! Et il y a urgence face à la désinformation assez généralisée ! Et ce n’est pas un débat qu’on peut réserver à quelques spécialistes des comités d’éthique qui pourraient être trop marqués au coin par leur idéologie du genre et avoir tendance à le confisquer au détriment du peuple, de nos enfants et du bon sens !

Merci de bien vouloir faire écho à ces demandes instantes qui ne sont évidemment pas seulement les miennes, mais celles de tout ceux avec qui je parle autour de moi ces jours-ci de ces questions si importantes, qui sont celles en particulier de tous les cathos, de quelques tendances qu’ils soient, et qui tous aspirent à ce que voit le jour un mouvement collectif de réflexion et d’action pour faire remonter des cahiers de doléances aux États généraux de la bioéthique qui soient le reflet des attentes, des questionnements et des souhaits de tous les catholiques et de tous les Français pour conserver et promouvoir une filiation vraiment humaine !

Bien fraternellement

Frère Jean-Marc Miele sv

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Le 11 janvier 2018

Réponse de Guillaume Goubert à la lettre ouverte à Loup Besmond de Senneville du 6 janvier 2018

Frère,

J’ai pris connaissance avec intérêt du courriel que vous avez adressé à Loup Besmond de Senneville et largement diffusé à l’ensemble des journalistes de la rédaction de La Croix. Soyez remercié d’avoir ainsi pris le temps de nous transmettre votre réaction concernant le dossier du 3 janvier sur la bioéthique et, en particulier, les résultats du  sondage. Voici quelques précisions.

Le débat ne fait que commencer et nous continuerons à y faire largement écho dans les colonnes de La Croix et à inviter nos lecteurs à y participer. Ce  sondage, qui  intervient donc très tôt dans le processus,  a agi comme un signal d’alarme mobilisateur pour ceux – dont nous sommes, je vous l’assure-  qui sont préoccupés par de telles évolutions. C’est ce que j’ai exprimé dans l’éditorial accompagnant ce sondage.

Il y a forcément une part de simplification dans la rédaction des questions du sondage mais elles se posent dans ces termes dans le débat public et seront ainsi débattues.

Nous avons, en effet, pris un risque en publiant ces résultats,  mais l’opinion publique est un des paramètres à prendre en compte et il s’agit de regarder en face cette réalité. Non pas pour s’y résigner, mais pour entrer dans le débat avec de fermes convictions.   Il ne faut pas non plus occulter tout  l’accompagnement rédactionnel réalisé par nos journalistes et je vous demande à ce sujet  de nous juger sur l’ensemble de notre travail.  Un autre titre de presse aurait-il pris le temps de fournir autant d’arguments affûtés à ses lecteurs ?

Je suis heureux d’avoir eu l’occasion d’échanger avec vous ces éléments. Les remarques de nos lecteurs, et l’exigence dont ils font preuve vis-à-vis de notre journal , nous stimulent.

Respectueusement,

Guillaume Goubert
Directeur