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PMA sans père : les grandes manœuvres de l’ombre

En pleine trêve des confiseurs, le CCNE vient de s’adjoindre treize nouveaux membres. Exit la trop « divergente » Frédérique Kutten. Pendant que les Français en vacances fêtent Noël et le nouvel an, au plus haut de l’État on veille au grain. On organise le terrain favorable au passage imminent des lois de bioéthique avec, entre autres, les très problématiques euthanasie et insémination artificielle avec donneur (IAD) pour toutes, soit la PMA sans père.

PMA sans père vs  MPT : ne pas cliver

Il ne fallait pas cliver les Français, nous disait-on. On s’est donc efforcé jusqu’à présent de ne pas trop aborder les sujets qui fâchent en public, ces fameux sujets sociétaux. On a même donné ces derniers temps quelques satisfactions politiques à la frange la plus conservatrice des électeurs. Histoire de la calmer un peu ! Qu’elle ne se réveille surtout pas ! L’anesthésie a peut-être même bien pris. L’avenir nous dira ce qu’il en est vraiment. La hantise en tout cas d’Emmanuel Macron qui a toujours promis cette PMA-là, c’est de revivre la mobilisation inouïe de 2013 contre le Mariage Pour Tous.

Le candidat comme le président, lors d’interventions télévisées, avait donc tôt asséné, et toujours très brièvement, qu’il y aurait débat. Le candidat comme le président avait juré qu’il n’y aurait pas de brutalité. On peut sans doute le croire. Toutes les apparences du respect démocratique ont l’air d’être réunies. Et la PMA passera. C’est quasi déjà fait. Il ne s’agissait que de machiavéliquement changer les moyens d’y arriver, ceux qui en donneront le signal : les membres du CCNE. Le président Hollande s’y était attelé dans une saison I bien ficelée en évinçant les personnalités religieuses. La saison II vient nouer le ruban du paquet cadeau que nous livrera janvier.

La voix sage de Bruno Saintôt s.j.

C’est ainsi qu’en juin 2017 le quotidien La Croix apprenait à ses lecteurs que le CCNE, à une majorité des plus fragile, « assumait le basculement vers de nouvelles façons de donner vie à des enfants ». Mais dans son numéro de septembre des Études, le jésuite responsable du département éthique du Centre Sèvres, revenait pourtant tranquillement sur ces avis n’hésitant pas à les trouver « paradoxaux et critiquables », concédant malgré tout quelques points heureux. Et comme beaucoup, Bruno Saintôt y précisait qu’on ne pourra pas résister à la GPA si la PMA pour les couples de femmes passe. Point fort de l’argumentaire : les intérêts de l’enfant purement et simplement oubliés et l’institution juridique de l’absence de père.

La stratégie macronienne aura-t-elle raison cette fois-ci de la résistance à la déconstruction de la filiation en cours ? Probablement. Anesthésie indolore, nominations silencieuses, calendrier de vacances et de fêtes, négation de l’opposition… Je doute qu’à l’Assemblée, évidée de ses mousquetaires les plus talentueux, se lève la force suffisante de contrer les lobbies si puissants à l’œuvre… J’aimerais tellement me tromper !

Mais il faut combattre comme si nous avions déjà emporté la victoire. Pour l’enfant.

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Extrait de l’article de Clémence Houdaille dans La Croix : PMA pour toutes = PMA sans père

“Compte tenu de la plasticité psychique de l’enfant et de son désir de sécurité, bien des souffrances peuvent être supportées sans pour autant cesser d’être injustes. Par exemple, est-il juste d’instituer juridiquement l’absence de père (biologique et social) alors que la quête des origines est pour certains adultes une souffrance ? La question est posée mais non tranchée.”

Lire l’ensemble de l’article sur le site de La Croix