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Le Jésus d’Obispo et de Barratier : fidèle et respectueux

Jésus

« Jésus Le Spectacle », annoncent le hashtag de Twitter et la chaîne YouTube ! « La fresque musicale », dit plus justement l’affiche où se dessine la figure du crucifié en gros traits noirs. Une goutte de sang rouge perle sur le front. Encore ? se dit-on… Qui n’a pas été échaudé par des spectacles à propos d’un Christ qui n’avait pas toujours grand-chose de catholique ? d’un homme tellement humain et si peu Dieu ? Que sera-ce donc celui-ci ? J’avoue avoir fait la moue quand j’ai découvert l’affiche “Jésus” la première fois dans les rues de Paris.

Moderne mystère de la vie de Jésus

Eh bien, très très belle surprise. Après m’être renseignée et avoir visionné tous les clips auparavant, je me suis décidée à voir le spectacle vendredi dernier. Je ne répugne pas à employer le mot « spectacle » finalement. Le mot latin, spectare/regarder, relaie bien l’idée de témoignage qu’ont sans doute voulu les auteurs. « Ils virent et ils crurent »… Ce verset n’est-il pas à la source de toute la diffusion de l’évangile ? Faire voir et faire entendre un message qui reste à porter toujours et encore aux quatre coins du monde, fût-ce imparfaitement, en théâtre et en chansons, en moderne mystère sur la place publique du Palais des sports, c’est ce que réalise parfaitement le duo Barratier/Obispo.

Nous sommes au fond dans cet esprit du Parvis des Gentils que nous connaissons depuis 2011. Ne pas s’attendre évidemment à un grand oratorio de musique classique ni à une Passion de Bach. Certains critiques ont la dent dure. Peut-être ne savent-ils pas faire la différence.

Lutte des ténèbres contre la lumière

De Nazareth à Jérusalem… Des pêcheurs de Tibériade à la montée vers Jérusalem. Les tableaux se succèdent entre ténèbres déchaînées et lumière du Messie qui appelle, guérit, se sacrifie pour la multitude. Le combat spirituel à l’œuvre se déploie au cœur d’une humanité assoiffée d’amour et de liberté soumise en même temps aux tentations démoniaques, acceptant une surabondante miséricorde mais succombant à une cruauté lâche. À ce titre les deux moments des tentations au désert et de l’agonie au Jardin des oliviers, deux volets d’une même inspiration, sont particulièrement réussis. Jésus, l’innocent, implore Dieu, blanc, perdu dans la lumière bleu sombre, faisant monter un « Mon Père » poignant quand les démons de la tentation au désert dansent frénétiquement en arrière-fond, que les disciples dorment avachis sur le côté.

Chanteurs habités

Tous les chanteurs sont magnifiques et correspondent remarquablement aux rôles joués. Place particulière à Mike Massy dont le léger accent et l’intériorité avec laquelle chaque parole est dite joue à l’évidence plus que son rôle. Mais aussi Pierre (Olivier Blackstone), avec son gabarit puissant et sa voix plus grave, mais aussi Marie, Anne Sila, si frêle et si forte à la fois… Tous représentent exactement ce qu’ils font passer au-delà des planches. C’est même presque incroyable d’y avoir aussi bien réussi pour chacun d’entre eux.

Plusieurs personnages fonctionnent en miroir leur donnant une grande puissance dramatique. Pilate et Caïphe, en superbes aveugles, s’entretiennent sur fond de statues de faux dieux s’animant subitement. Ironie du moment : le « dieu inconnu » qui se donne enfin à connaître aux siens aura parcouru la Judée sans être reconnu. Un Pilate (Solal) très applaudi à la fin du spectacle.

Duo encore. Dans la chanson « Survivre à soi-même », Pierre et Judas (Clément Versi) méditent sur leur péché. Chacun a commis la faute grave parmi les fautes graves, trahir leur maître. Mais l’un demande pardon et pleure, l’autre se désespère et se laisse happer par les ténèbres.

Duo enfin. « Un nouveau commencement » Jean (Gregory Deck) et Marie-Madeleine (Crys Nammour) célèbrent le pardon infini : « Rien ne sera comme avant, c’est ici et maintenant. » Le « Voici que je fais toute chose nouvelle » est ainsi au cœur du drame. N’est pas oublié l’aspect eschatologique avec l’allusion ténue au retour du Christ : « Nous sommes des hommes nouveaux. Il arrive ! »

La vie éternelle, elle est à nous, si on le suit

Certains chants resteront dans nos têtes et dans nos cœurs, des tubes comme l’on dit : à preuve le bis que nous avons vécu. La salle claquant des mains à la fin et chantant avec les acteurs « La Bonne Nouvelle, c’est Lui… La Vie éternelle, elle est à nous si on le suit. » Le puits et la cruche posée là du début à la fin le disent de manière symbolique. Le suivre lui la source d’eau vive. Tout est dit.

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Jésus La fresque musicale : dossier de presse.

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La Bonne Nouvelle

Après la Cène – Aimez-vous les uns les autres

Au Jardin des oliviers – Mon Père

Après le reniement de Pierre et la trahison de Judas – Survivre à soi-même

Crucifixion – Marie : “Va, mon fils…”

Après la résurrection – Un Nouveau Commencement