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Législatives : parcours du combattant dans la 9e circo

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Carte blanche du 12 juin 2107 : Législatives : parcours du combattant dans la 9e circo

Louis Daufresne : Premier tour des législatives bien sûr hier vous votiez à Paris, dans la 9e circonscription. Vous êtes encore sous le choc de cette non campagne, dites-vous…

Hélène Bodenez : C’est peu de le dire, Louis. Je n’ai pas « la chance d’habiter la circonscription » de grandes voix comme celle de François-Xavier Bellamy ainsi que me le disaient des amis de Versailles. Pas davantage la possibilité de voter Jean-Frédéric Poisson qui reste pour moi le modèle du député : 4e/577 en nombre d’amendements déposés, 21e/577 en termes d’activité, 7e/577 en nombre de prises de parole. Dans la 9e circonscription de Paris où j’habite, il a fallu me démener pour trouver les candidats de cette circonscription-là. J’ai vu de vagues tractages aux sorties de métro, sur les marchés mais des militants de la 10e tractaient au même endroit et m’est avis que beaucoup d’électeurs s’y sont perdus. J’ai bien reçu l’enveloppe marron avec les professions de foi mais elles se révélaient toutes plus vagues les unes que les autres. Beaucoup, beaucoup de candidats : 374 en tout pour Paris, 24 pour la seule 9e circonscription où je votais. Offre pléthorique mais insatisfaisante pourtant. Absence choquante de campagne. S’y retrouver relevait de l’exploit.

L.D. : Alors comment est-ce que vous avez choisi finalement ?

H.B. : Oui, parce que j’ai voté, j’ai voté mais je comprends ceux qui se sont abstenus. J’ai commencé par regarder à la loupe les résultats au 1er tour des présidentielles pour voir l’équilibre des forces en jeu. Puis j’ai cherché sur internet et les réseaux sociaux quel était le profil de tous ces candidats absolument inconnus. J’ai tout de même suivi beaucoup de débats à l’Assemblée, je commence à connaître les députés mais ceux pour lesquels j’étais appelée à voter ne me disaient strictement rien. Ajoutez à cela : pas de candidat PCD ; une très jeune candidate LR, parti dont on sait qu’il peut porter tout et son contraire, nouvelle, de 22 ans qui semblait bien vague dans ses options ; je notais qu’elle avait appelé à voter Emmanuel Macron au second tour. J’ai écrit au candidat des 577 Indépendants pour connaître ses positions sur les thèmes qui me sont chers. Pas le début d’une réponse. Bref ! Hier matin, je ne savais toujours pas pour qui voter. D’autres votants partageaient visiblement mon désarroi : ils ne rentraient pas dans le bureau de vote et stationnaient plus que songeurs devant les panneaux d’affichage !

L.D. : Hier soir, vous avez dépouillé ?

H.B. : Oui, j’ai dépouillé donc dans cette 9e circonscription de Paris… expérience citoyenne intéressante ; eh bien deux candidats de gauche sont arrivés en tête, LREM et FI. La candidate LR, est arrivée bonne 4e avec 8% des voix. La droite à Paris en réalité n’existe plus. Ou elle ne s’est pas déplacée ou elle a voté directement LREM. Cela m’inquiète. L’exceptionnel émiettement de l’offre politique qui s’est allié à l’énorme abstention ne donnera pas de vraie légitimité au parti vainqueur du Président. Espérons que la rue n’ait pas envie de jouer les prolongations en un tour extérieur aux urnes…

L.D. : À côté de cela, Hélène Bodenez, vous avez quasiment un monopole de la représentation à l’Assemblée, et pas un émiettement …

H.B.  : Oui, mais au regard du pourcentage de l’abstention, c’est une majorité tout à fait paradoxale.
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