Gênes : Le pape au monde du travail fustige les promesses de salut des magasins ouverts le dimanche
Carte blanche du 29 mai 2017 – Gênes : le pape au monde du travail
Louis Daufresne : Samedi 27 mai le pape se rendait en voyage pastoral dans la grande ville industrielle d’Italie du Nord, Gênes, où il a rencontré le monde du travail.
Hélène Bodenez : Gênes, on le sait, est avec Milan et Turin l’une des grandes villes du « triangle industriel » en Italie, le second port de la Méditerranée. Arrivé tôt, le pape a réservé sa première rencontre aux travailleurs de l’aciérie d’Ilva, l’un des sites métallurgiques les plus importants d’Europe. Très chaleureusement accueilli dans un grand hangar, le pape François a répondu simplement à quatre questions posées successivement par un entrepreneur, un salarié, un membre de syndicat, une femme sans travail. Le discours à Gênes succède au discours à Turin de 2015 où l’expression du « travail pour tous » avait déjà été lancée. À lire en dyptique.
L.D. : Et c’est la question à la femme sans travail qui a retenu votre attention.
H.B. : Oui, il faut, bien entendu, attendre patiemment la traduction française des propos du Saint-Père qui n’est pas encore en ligne. Mais l’on va s’aider ce matin des comptes twitter de Zenit ou du quotidien Avvenire qui ont diffusé en direct le moment et ne pas s’attarder uniquement aux seules phrases choc relayées par les grands médias. Ne m’a pas échappé le propos sur le dimanche, le jour de la fête après les jours de travail. C’était une réponse à une chômeuse, Vittoria, qui a mis en lumière l’un des aspects de la crise du travail : l’assistanat passif plutôt que la création de travail.
L.D. : Avec une analyse fine de ce que signifie ne pas travailler…
H.B. : Exactement. Les allocations versées quand vous êtes sans emploi ne font pas de vos jours sans travail des dimanches. Le pape a attiré l’attention de son auditoire sur « la proportion croissante de personnes qui voudraient travailler et ne travaillent pas quand d’autres qui travaillent trop, aimeraient travailler moins mais ne le peuvent pas parce qu’elles ont, dit-il, « été achetées par les entreprises. » Le trop de travail et le sans-travail. Quel visage a alors le temps de la fête dans ces deux cas, quand on vit le surmenage ou quand on vit le chômage ? Il y a alors d’un côté « les esclaves » qui n’ont pas de temps libre, pas de plaisir, parce qu’au lieu d’honorer la fête, ils travaillent. De l’autre côté, les sans-emploi, pour qui il n’y a pas de dimanches non plus puisqu’il n’y a pas de travail le lundi. « Pour célébrer la fête, rappelle le pape, vous devez être en mesure de célébrer le travail. » Le pape nomme alors sévèrement les causes d’une pareille crise « la consommation idole de notre temps ». Et de fustiger une société hédoniste qui ne comprend pas la valeur du travail, société où « les grands magasins sont ouverts 24h/24, tous les jours, nouveaux « temples qui promettent le salut, la vie éternelle ». Du très digne repos dominical lié à un très digne travail, les grands médias n’ont pas parlé…
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Écouter sur la chaîne YouTube du Vatican
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Lire sur le site de Zenit “Gênes : un travail pour tous et pas seulement un revenu pour tous. Plaidoyer du pape”
Lire sur le site du Figaro “Le pape ovationné dans une usine à Gênes fustige les spéculateurs”
Lire sur le site du Saint-Siège, le discours en italien
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Lire sur le site de RTL “Les signes avant-coureurs du burn out”