Emmanuel Macron, notre président
Carte blanche du 8 mai 2017 – Emmanuel Macron, notre président
Louis Daufresne – C’est fait puisque les urnes ont livré leur verdict. Victoire sans appel d’Emmanuel Macron, huitième président de la Ve république. Dans quel sentiment êtes-vous ce matin ?
Hélène Bodenez – Eh bien, c’est paradoxal, et permettez-moi de le dire publiquement, je pense à ma chère collègue, Brigitte Macron qui voit son destin s’infléchir de manière énorme. Pardonnez-moi de convoquer des sentiments personnels mais personne n’ignore que la désormais première dame a été professeur de lettres dans mon établissement jésuite. C’est une amie à qui je souhaite de vivre ces moments, exaltants et très difficiles à la fois, avec beaucoup de courage. Ce fut un excellent professeur et je suis sûre que ce matin ce sont deux lycées, des milliers d’élèves, d’Amiens et de Paris, qui voient cette issue politique de plusieurs mois avec des yeux de joyeuse admiration. Brigitte Macron m’engageait, il y a encore quelques jours, de ne pas hésiter à « faire confiance » à Emmanuel qu’elle qualifiait « d’honnête homme ».
L.D. – Alors, vous lui accordez votre confiance ?
H.B. – Je le voudrais bien. J’aurais voulu voter pour Emmanuel Macron, plus que tout autre, pour les raisons d’amitié que je viens de vous dire. J’aurais voulu glisser le bulletin du candidat d’En Marche. Mais hier, je me suis abstenue comme 26% des Français. Je fais partie des 1 Français sur 4 qui ont refusé d’aller voter. Le choix auquel nous étions confrontés depuis les résultats du premier tour n’en était pas un depuis l’élimination forcée de François Fillon. Jusqu’au bout, j’ai hésité mais le danger extrémiste, depuis le débat notamment, n’avait pas de réalité. Voter m’a été impossible tant j’ai trouvé les positions d’Emmanuel Macron tragiquement figées concernant les thèmes qui nous sont chers, le travail, l’éthique et l’islam politique.
L.D. – Alors « figées », qu’est-ce vous voulez dire ?
H.B. – J’ai écouté via internet des heures de débat, jour et nuit, à l’Assemblée nationale ou en commission des lois, lors des discussions concernant la loi Macron. M’intéressaient, vous le savez, le sort du dimanche et la dérégulation annoncée du repos dominical. J’ai vu alors, médusée, le talent d’Emmanuel Macron, son aptitude à posséder ses dossiers, à dialoguer, à discuter pied à pied avec les acteurs de tous les bords politiques, mais à ne reculer sur quasiment rien. Un charme indéniable, de beaux yeux bleus alliés à un sourire inoxydable mais une inflexible détermination. Tout cela a eu raison du travail le dimanche. La droite n’avait jamais pu y arriver vraiment. Il faudra longtemps se souvenir que c’est la gauche qui l’a tant libéralisé. De la même façon, alors qu’au second tour, on essaie d’habitude de rassembler, le candidat Emmanuel Macron n’a donné aucun signe d’apaisement sur les thèmes d’éthique. Il a cultivé une ambiguïté qui me soucie, je ne vous le cache pas.
L.D. – Comment aborder ces semaines qui s’annoncent d’après l’élection ?
H.B. – Je vais essayer tout de même la confiance. Je vais espérer et considérer que dans cette élection exceptionnelle la providence de Dieu embrasse la France et donc son président. Je prierai pour lui.
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