“Jardins”, l’exposition au Grand Palais
Carte blanche du 1er mai 2017 – « Jardins » l’exposition au Grand Palais
Louis Daufresne – Aujourd’hui c’est le 1er mai, et le Grand Palais est fermé bien sûr, mais il y a une exposition à laquelle on peut déjà envisager de se rendre, que vous avez déjà savourée et qui s’appelle « Jardins ».
Hélène Bodenez – Le 1er mai, on aime fêter ce jour chômé, l’associer à l’amour, au bonheur par une fleur de jardin, le muguet. Eh bien parlons jardins, jardins avec un “s” de cette exposition que chacun a la possibilité de voir jusqu’au 24 juillet. Beaucoup de monde s’y presse déjà. Sur deux étages, vous découvrirez comment à partir de la Renaissance notamment, les jardins deviennent des œuvres d’art avec la question connexe du jardinier vu comme artiste. Il y a sans doute quelque chose de contradictoire à vouloir exposer « ce monument vivant, éphémère et changeant » qu’est le jardin. « On est dans le jardin réel mais représenté » commente Laurent Le Bon, commissaire de l’exposition. C’est même le fil rouge de cette « exposition impossible » que ce lien inattendu entre musée et jardin : on se promène dans des jardins remarquables, œuvres de véritables artistes, comme on arpente un musée qui a jardiné ses œuvres d’art pour se constituer. Le jardin entrant au musée ou l’heureux mariage de la nature et de l’artifice de la culture : l’un et l’autre nous introduisent dans un espace, l’espace du savoir que du plaisir.
L.D. – Avec la figure centrale du jardinier
H.B. – Au gré de votre flânerie vous rencontrez « le démiurge besogneux », l’artisan méthodique et esthète de ces espaces dominés, avec un inventaire impressionnant d’antiques arrosoirs et de sécateurs, outils de vie ou de mort. De l’extrait de film des frères Lumières Le Jardinier et le petit espiègle à ce Vieux jardinier d’Émile Claus portant ses bégonias « comme un enfant », « l’homme de peu à l’intelligence supérieure » est à l’honneur.
Le jardin est une école de sagesse et de patience. La qualité d’un bon jardinier va à l’inverse de ce que l’on enseigne aux enfants dans nos écoles. Si on s’inspirait du monde du jardin, l’humanité serait plus paisible. Le vrai jardinier reste humble.
précise Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand parc de Versailles qui voit le jardinier comme une « sentinelle de l’environnement ». Pour s’en convaincre, le visiteur contemple, ravi, Le Jardinier de Paul Cézanne.
L.D. – Des jardins qu’ont aimé peindre sur le vif nombre de grands artistes
H.B. – Si l’artiste est bien celui qui passe au travers du tamis génial de sa sensibilité une vision du monde, on comprend que le jardin, microcosme d’un macrocosme énigmatique, ait été source d’inspiration. Les jardins d’artistes nous subjuguent au Grand Palais. Au rez-de-chaussée à la fin du parcours, vous contemplez des chefs d’œuvre qui vous emportent : Le Déjeuner de Monet, Les Serres de Caillebotte, Le Parc de Klimpt. Si beaucoup d’associations, si les supports variés ont pu me donner parfois un sentiment d’hétéroclite, ce fut passager. Pour l’éviter, bien préparer l’exposition avec les ressources pédagogiques du site et les vidéos de la chaîne du Grand Palais.
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Jardins, exposition au Grand Palais
Fermeture anticipée à 18h le 29 juin
Dossier pédagogique sur le site du Grand Palais Jardins