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Après le Mariage pour tous, Emmanuel Macron se dit favorable à la PMA

Emmanuel Macron

Il y a peu le candidat d’En Marche apparaissait l’alternative incontournable du renouvellement politique en France. La jeunesse d’Emmanuel Macron ne faisait pas tout. Chacun était frappé par son aptitude intellectuelle à embrasser les dossiers les plus complexes, à saisir les blocages les plus verrouillés du pays. En pleine affaire du travail le dimanche que portait la Loi Macron, j’avais cependant compris que sous les sourires et le formidable télégénique se cachait une personnalité inflexible. Sous les dehors de dialogue radieux, on décelait une volonté intraitable de passer outre les arguments rationnels de ceux qui s’opposaient. À aucun moment, le repos dominical n’avait eu sa chance. Le dialogue d’Emmanuel Macron était crémé alors de quelque chose de cosmétique. Sous couvert de débat, le relativisme se levait au bout du chemin.

Emmanuel Macron : de “l’éthique de la discussion en marche…

Rien n’a changé. Aujourd’hui Emmanuel Macron n’est certes plus ministre. Lancé à trois cents à l’heure dans la campagne présidentielle, il oscille entre sourires, phrases apaisantes dans ses beaux meetings et sorties controversées dans la presse. La dernière d’entre elles concerne le mariage pour tous. Elle est à situer, rappelons-le, après un autre épisode, celui de la folle rumeur concernant une pseudo liaison homosexuelle avec Matthieu Gallet. À Bobino, lors d’un meeting, Emmanuel Macron était sorti la tête haute de cette calomnie. Mais le fait est là : s’expliquer à la télévision, c’est en même temps faire connaître la rumeur à tous ceux qui ne la connaissaient pas et ne l’auraient sans doute jamais connue. Démarche donc à double tranchant. Cela étant posé, arrive la phrase au Nouvel Obs : acte premier d’une comédie grinçante.

Une des erreurs fondamentales de ce quinquennat a été d’ignorer une partie du pays qui a de bonnes raisons de vivre dans le ressentiment et les passions tristes… C’est ce qui s’est passé avec le mariage pour tous, où on a humilié cette France-là. Il ne faut jamais humilier, il faut parler, il faut partager des désaccords. Sinon des lieux comme le Puy-du-Fou seront des foyers d’irrédentisme.

Passons sur la pique gratuite du “ressentiment” et des “passions tristes”… L’expression insérée dans une pseudo contrition ne dupe personne, agresse déjà au lieu d’apaiser. Jamais Emmanuel Macron, alors secrétaire général de l’Élysée, n’a émis la moindre opposition à la loi Taubira. Ça se saurait. Si cette phrase est lancée au cœur d’un papier qui va être scruté dans le moindre mot, c’est qu’elle est destinée à une stratégie particulière. Pas celle de se mettre les opposants à la loi Taubira dans la poche, oh non ! Qui pourrait croire cela une seconde ? Il s’agit en réalité de ne pas paraître trop vite le candidat LGBT depuis que Pierre Bergé soutient publiquement Emmanuel Macron. Entre la rumeur-calomnie, certes brillamment désamorcée, et le riche soutien, il n’y avait qu’un pas. Or, quoique puissants, les LGBT ne font pas une élection surtout s’ils ont participé, même à tort et malgré eux, à faire penser un bref temps qu’une personne homosexuelle briguait la plus haute fonction de l’État. Prudence donc.

… à l’embobinage tous  azimuts

Mais tout va s’accélérer à deux mois des élections.

Acte deuxième : le candidat d’En Marche réaffirme, dès que les premiers tweets LGBT s’offusquent, son indéfectible soutien à la loi Taubira. Il la protégera même.

Acte troisième : comme preuve de sa bonne foi sont avancées sur le champ la proposition de PMA pour les couples de femmes, et celle de reconnaissance des enfants nés par GPA à l’étranger. C’est bien là le programme LGBT qui est ainsi déroulé.

Acte quatrième : reste pourtant encore une maladresse concernant la GPA à rectifier. “La société n’est pas prête” avait-il asséné. Sa position laissait penser une ouverture sur le principe. Pour désamorcer aujourd’hui pareille imprudence, une proposition de Convention internationale est promise. Manuel Valls l’avait agitée mais n’avait jamais concrétisé. Des paroles, encore des paroles, toujours des paroles… “C’est pour mieux te manger, mon enfant”.

GPA : l’ambiguïté du “en France”

On notera le faible “Je ne suis pas favorable” laissant toutes portes ouvertes à une possible future volte-face. On repèrera également la précision d’importance “en France” du visuel et son sous-entendu possible : Emmanuel Macron inciterait-il par là les couples d’hommes à continuer à opérer une GPA à l’étranger comme certains VIP ?

Acte cinquième : la tragédie est donc écrite avec sa possible mauvaise fin en avril prochain, créer délibérément des enfants sans père ou sans mère. Laisserons-nous la machine infernale avoir le dernier mot ? Non, il n’y a pas de sens de l’histoire. L’inéluctable tragique peut être contré. Doit l’être. La balle est dans notre  camp.

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