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Vincent Peillon : Et un dérapage de plus !

Vincent Peillon

Carte blanche du 16 janvier 2017 – Vincent Peillon : Et un dérapage de plus !

Louis Daufresne : Les candidats de la Primaire de la gauche sont invités à tour de rôle sur les plateaux de télévision. Et cette semaine un épisode vous a marquée : la sortie de Vincent Peillon sur la stigmatisation des musulmans.

Hélène Bodenez : Oui c’était sur le plateau de L’Entretien politique, le 3 janvier, sur France 2. Vincent Peillon répond alors aux questions de David Pujadas et de Léa Salamé. L’ancien ministre de l’Éducation nationale s’emporte contre ceux qui entendent instrumentaliser la laïcité pour stigmatiser les musulmans. Perdant ses nerfs, il dérape une première fois en disant que « c’était déjà le cas » il y a quarante ans – soit sous Valéry Giscard d’Estaing – au lieu de dire dans les années quarante. Une deuxième fois en avançant ceci : “Les juifs, à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans, qu’on amalgame d’ailleurs souvent avec les islamistes radicaux”.  Voyant l’émission en direct, je tweete tout de suite et dis à quel point je suis choquée. Qu’y a-t-il donc de comparable entre les juifs de l’Occupation et les musulmans en France aujourd’hui ? y compris avec ceux, hélas, stigmatisés ? C’était d’autant plus malvenu que le totalitarisme islamiste tue à cinq heures d’avion de chez nous.


L.D. : Il a essayé de se rattraper, Vincent Peillon…

H.B. : Naturellement mais en s’enferrant encore plus. Cette assimilation de la politique vichiste aux musulmans de France aurait dû passer comme une lettre à la poste parce que parée des bonnes intentions du camp du bien s’en prenant au « fascisme rampant ». Mais il n’en fut rien. Ce fut un tollé ! Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) monte au créneau et dénonce la comparaison faite. Je cite son communiqué de presse : « L’histoire de la déportation de plus de 75 000 Juifs, de la spoliation des biens juifs ou des lois discriminatoires comme le port de l’étoile jaune ne saurait être dévoyée et instrumentalisée au nom d’un soi-disant équilibre des souffrances. De telles déclarations ne servent que ceux qui cherchent à réécrire l’Histoire. »

Vincent Peillon a donc dû tenter une clarification ce qu’il fit via twitter dès le mercredi après-midi : « ce qu’ont vécu les juifs sous Vichy ne saurait être banalisé d’aucune façon ». Il était temps de le dire : le sommet du mal que fut la Shoah pendant la seconde guerre mondiale est objet de mémoire, de commémorations chaque année. Nos jeunes n’ont pas besoin de ces amalgames et doivent entendre parler de l’étoile jaune dans un contexte rigoureusement exact.

L.D. : Alors, fermez le ban ?

H.B. : Non pas tout à fait, Louis, car  dans un dernier tweet Vincent Peillon essaye encore une pauvre justification au nom de ses origines familiales. Voici ce que tweete l’eurodéputé : « Tout cela, je le sais charnellement et intellectuellement mieux que quiconque, par mon histoire personnelle. » Quelle ironie du sort ! Obligé de revendiquer ses origines religieuses pour se sortir d’affaire quand dans le même temps il fait un procès en sorcellerie à François Fillon pour son « Je suis chrétien » !