Prodiges sur France 2 : douze ans, l’âge d’or
La télévision déverse tant d’émissions insanes qu’il est bon de reconnaître quand elle se hisse enfin à la hauteur de la vocation qu’elle devrait toujours servir, celle d’être un formidable instrument de civilisation. En cette fin d’année, on s’autorisait ainsi à ne pas la délaisser pour d’autres occupations plus hautes, lectures, jeux ou simples conversations familiales et amicales. Outre l’époustouflant documentaire Terres sauvages de Russie encore visible en pluzz pendant cinq jours sur France 5, vint la troisième saison de Prodiges donnant leur chance à de jeunes talents.
Plaintive clarinette
Triés sur le volet, ils étaient neuf à concourir selon trois arts, danse, chant, instrument. Les trois finalistes de douze ans, Clara, Lucile et Marin ont montré des dispositions exceptionnelles et il fut sans doute très difficile pour le jury de les départager. Le pétillant Marin l’a finalement emporté. Il avait dans un premier temps présenté un morceau composé par Ennio Morricone extrait de l’émouvant film The Mission : « Gabriel’s Oboe ». Le morceau prévu pour hautbois était transposé pour clarinette. Et ce fut une merveille !
Vie simple
À l’heure du nivellement par le bas, force est de constater que lorsqu’il s’agit d’audiences et de télévision, la sélection est de mise. L’excellence n’est alors pas un gros mot. À douze ans, comme à une sorte d’âge d’or, il est possible de se hisser déjà au plus haut niveau, avec passion et simplicité. En arriver là, tout en se couchant à vingt-et-une heures comme l’a lâché naïvement Marin devant un public médusé, révèle une façon de vivre exigeante valorisée, style de vie fait d’efforts, de persévérance et de goût. Le prodigieux réside sans doute là à côté des géniales dispositions naturelles à l’honneur hier soir.
Un service public enfin digne de son nom. Élitaire. C’est bien.