La bataille du dimanche continue
« Carte blanche à » du 21 novembre 2016 sur Radio Notre-Dame – La bataille du dimanche continue
Louis Daufresne : On a voté comme toujours un dimanche ! Dimanche, jour à part, jour pas comme les autres. Dimanche, le jour chômé et de plus en plus malmené par l’ère moderne.
Hélène Bodenez : Oui et il est intéressant de voir que cette semaine, le dimanche a été à l’honneur si je puis dire de trois manières pour le meilleur et pour le pire. Commençons par le meilleur. C’était à Bruxelles, au Comité social et économique européen. J’ai déjà parlé sur vos ondes de l’European Sunday Alliance qui mobilise des alliances nationales pour le dimanche, syndicats, organisations de la société civile, églises. Elle sensibilise à la valeur unique du temps libre, synchronisé, pour nos sociétés digitalisées. Le 15 novembre dernier une conférence se déroulait autour des enjeux de l’équilibre travail/vie personnelle dans nos sociétés digitalisées. Ce n’était pas explicitement autour de la question du dimanche, mais le communiqué de presse nous rapporte qu’il a bien été question de « La vie au-delà du travail et la numérisation, du besoin d’indisponibilité ».
Evelyn Regner, membre du Parlement européen, a souligné la valeur des pauses ; non seulement pour les employés, mais aussi pour la productivité et la créativité des entreprises. Elle a été approuvée par Mgr Bruno Feillet, évêque auxiliaire de Reims. Puisque chacun doit jouer des rôles différents et que la vie est tendue, il deviendra de plus en plus difficile de faire une pause. »
J’ai une certaine crainte que cette Alliance européenne ne porte pas autant la question du dimanche qu’à ses débuts. Pas une fois le mot n’apparaît dans le communiqué de presse. Mais mon espoir réside malgré tout dans la motivation des Allemands qui ne faiblit pas : Hannes Kreller, Alliance pour un dimanche libre en Allemagne, souligne « l’importance du temps libre synchronisé pour participer à une vie sociale, sportive ou culturelle. Il faut une approche commune et cohérente de l’équilibre travail-vie personnelle pour l’ensemble de la société. » Pour lui, ce jour de temps libre commun ne peut être que le dimanche !
L.D. : Un autre motif de se réjouir ?
H.B. : Oui, un arrêt très intéressant du Conseil d’État. Il casse l’arrêt qui avait été rendu par la Cour administrative d’appel de Versailles donnant raison au Préfet de Seine-Saint-Denis. Entre temps le Centre commercial du Millénaire est devenu une zone commerciale par l’effet de la Loi Macron qui a transformé les PUCE de plein droit en zone commerciale. Sauf que l’annulation de l’autorisation a un effet rétroactif. Elle est donc censée ne jamais avoir existé, de sorte que la Loi n’a donc pu transformer le PUCE en zone commerciale. Résultat, à force de vouloir « sécuriser » les enseignes, ces dernières ouvrent dans l’illégalité…
L.D : Et des craintes ?
H.B. : Dix ans de lutte que le dimanche est grignotée. Et c’est désormais Carrefour qui envisage une ouverture de ses hyper et super le dimanche matin sur la France entière. Le motif de la concurrence est toujours celui qui est avancé : puisque les autres le font ! Si on ouvre le dimanche c’est pour ne pas que sa propre clientèle passe à la concurrence ! Eh, l’enseigne se prépare à positiver d’une drôle de manière.
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Hannes Kreller: “The true question is: Are we working despite the fact that it is Sunday or are we working FOR #Sunday?”
— FAFCE (@FAFCEInfo) 15 novembre 2016