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Un Jardin avec horizon d’Hélène Raveau : fastes de l’enfance

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“Carte blanche à” du Lundi 5 septembre 2016

Un livre ce matin, un roman intitulé Un Jardin avec horizon pour une rentrée littéraire à suivre de près. Il est d’Hélène Raveau, aux éditions Salvator.

Il y a un an et demi j’évoquais ici-même Les Choses d’En-Haut de cet auteur inconnu du grand public, Hélène Raveau. J’avais été alors éblouie, comme Astrid de Larminat dans le Figaro culture quelques semaines plus tard. C’était un premier opus et il était déjà tellement achevé…

Un roman encore une fois. C’est en tout cas ce qu’annonce la première de couverture… Un récit d’enfance fulgurant qui sonne bigrement autobiographique. Le livre s’organise comme un songe poétique, en féeries, en vagues de mémoire, dix en tout. Un Jardin avec horizon vous emmène dans une recherche au trésor, le trésor de l’enfance. Ça se passe dans une famille dont le cœur a battu au sein d’un royaume « où pendent des racines », blanche maison de vacances aux volets blancs et rouges sans eau courante ni chauffage. Son jardin emprunte à l’Éden. La narratrice « au cœur tendre » y vit une familiarité rarissime avec les arbres les plus divers, du troène à la brindille la plus humble. Raveau_un jardin_avec_horizonFamiliarité avec les animaux également : comme avec ce papillon « d’un bleu doux » dont je ne dirai rien ce matin pour ne pas enlever le plaisir de la découverte aux futurs lecteurs ; comme avec ce rossignol du Japon aux « trilles victorieux » qui confrontera notre jeune héroïne au jour « si affreux » de la mort. Cui-Cui « mort raide et bec ouvert », premières épreuves annonçant la mort des êtres chers. Un jour « quand je serai dame ». La mort, « Quelque chose qui manque ».

« Quelque chose qui manque » à la source de l’écriture, la mère

Elle. Fier, le pronom féminin s’élance glorieusement dans le récit. Fière, la mère l’est assurément de ces quatre enfants, quatre parce que nous sommes au temps où les enfants n’étaient pas soumis au moderne « projet » parental. Mais cette mère tant aimée porte une lourde blessure et ce secret dévoilé dès les premières pages donnera une tonalité exceptionnelle à la joie de la famille.

« nous étions sa fierté et son œuvre, sa réponse lancée à la société cruelle, le baume de ses blessures, sa revanche studieuse sur le malheur de cette naissance dont elle ne guérit jamais, elle abandonnée avant de naître par celui dont mamie nous disait qu’il était mort à la guerre et à qui nous devons d’avoir porté la malédiction et la honte à travers l’image de notre mère éclatant en larmes encore cinquante ans plus tard, quand elle devait inscrire père inconnu sur des papiers administratifs »

Un roman ardent, jardin de l’âme

Oui, « ardentes images du temps », ces souvenirs font l’éloge d’une famille, d’un père et d’une mère qui s’aiment, d’une époque, d’un lieu et quoiqu’éminemment personnels ils débordent en un universel qui émeut et touche à l’âme.