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“100% des auteurs des attentats terroristes proviennent de l’école publique”

égalitéet citoyenneté

Hier soir, l’article 14 decies du projet de loi “Égalité et citoyenneté” était débattu à l’Assemblée nationale. Son sujet ? L’école hors-contrat. “Nous en arrivons à ce qui a motivé un certain nombre d’entre nous à rester tard ce soir” commença Jean-Frédéric Poisson qui entendait bien démontrer que passer d’un régime de école hors-contrat Poisson_3déclaration  à un régime d’autorisation est une atteinte à la liberté d’enseignement et à la constitution. Et de renvoyer à deux décisions célèbres du Conseil constitutionnel. Une fois encore, le député des Yvelines veille sur les grandes questions systématiquement mises à mal par le gouvernement socialiste. Le ministre de l’Éducation nationale n’était en tout cas pas là lors de ces débats cruciaux. Légèreté ? mépris ? fuite du débat ? Certains l’ont dit.

Vigilance à droite

Plusieurs députés n’avaient pas hésité à se rendre présents, tard dans la nuit, pour défendre l’école libre. école hors-contrat gosselinLes raisons invoquées pour adopter “une modification très substantielle du régime de création des écoles dites hors contrat d’association” ont d’ailleurs trouvé des opposants combatifs et très en verve : Xavier Breton, Philippe Gosselin, Patrick Hetzel, Guillaume Larrivé, Frédéric Reiss, Isabelle Le Callennec, Xavier Dhuicq, Lionel Tardy, Dominique Tian…

Patrice Verchère, député du Rhôneécole hors-contrat breton, a de son côté montré qu’il n’était pas dupe, chiffres à l’appui, des manœuvres du gouvernement pour s’attaquer aux écoles hors-contrat (25% d’entre elles seulement sont catholiques, 3,5%, musulmanes (1)). L’article 14 était, nous assène-t-on, motivé par une lutte contre la radicalisation. La conclusion du député du Rhône tombe implacable : 100% des attentats terroristes proviennent de l’école publique !

(1) La Fondation pour l’école, fondation reconnue d’utilité publique qui regroupe 793 établissements indépendants signataires d’une charte, a établi un décompte en 2015. Il en résulte que 60 % des écoles ont un caractère non religieux ; 25 % sont catholiques et seulement 3,5 % musulmanes.

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Le I have a dream de Philippe Gosselin

J’avais fait un rêve, monsieur le président. Je pensais que depuis 1983, on avait renoncé au projet d’un grand service public laïc de l’enseignement qui avait coûté son ministère à Alain Savary.

Je sais que comparaison n’est pas raison, et je donne raison au Gouvernement de vouloir contrôler davantage – si besoin est – et sanctionner davantage – si besoin est. Bien évidemment, nous partageons vos objectifs. Mais vraiment, vous nous prenez à rebrousse-poil ! Surtout, vous vous attaquez à une liberté fondamentale, consacrée par le Conseil constitutionnel dès1977 mais qui trouve ses fondements dans la Troisième République, dans le Préambule de 1946 et dans la Constitution de 1958, approuvée par le peuple français par la voie du référendum. En violant la liberté d’enseignement, c’est d’une certaine façon le peuple français que vous prenez à rebrousse-poil et que vous violez.

On ne jauge pas une liberté au nombre des personnes qui en bénéficient. Nous avons certes peu d’établissements privés hors contrat, puisque seuls 0,5 % des élèves français y sont scolarisés, mais la liberté est ou elle n’est pas, elle ne peut pas se fractionner. En modifiant radicalement le processus, vous vous attaquez à cette liberté de l’enseignement. Changer une déclaration en une autorisation, c’est renverser la charge de la preuve : une suspicion pèsera désormais sur ces écoles, qui devront entrer dans un certain nombre de cadres. C’est donc un contrôle a priori de l’État, alors qu’une liberté s’exerce avec un contrôle a posteriori.

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Relire sur le site du Huffingtonpost (19 janvier 2015) “L’école, seule fautive des dérives des Kouachi et Coulibaly ?”