Le blog-notes de Radio Notre-Dame
Le blog-notes du 9 mai 2016 (Chaque lundi à 07:08 et 08:52) À 03:10 en réécoute sur le site de Radio Notre-Dame – Le Prix Charlemagne remis au Pape François.
Louis Daufresne : Et l’Europe, il en est également question avec le blog Raison garder. Un grand moment d’unité, le Prix Charlemagne décerné au pape François vendredi dernier…
Hélène Bodenez : Oui et c’est d’autant plus surprenant que lorsque l’on s’arrête sur les précédents lauréats, on a un goût désagréable d’entre soi à voir tous ces Présidents cités, tous ces ministres honorés… Beaucoup des personnalités présentes avaient d’ailleurs déjà reçu ce prix créé en 1949 et remis par le maire de la ville d’Aix-La-Chapelle : Angela Merkel, Martin Shultz ou Donald Tusk. Un prix qui peut de surcroît n’être pas décerné à des personnes : la commission européenne a été primée en 1969, l’euro en 2002 ! Quelques rares surprises tout de même en 65 ans : Frère Roger Schutz de Taizé en 1989, Jean-Paul II en 2004.
L.D. : Vous avez suivi en direct la remise de prix sur KTO. Quelle atmosphère ?
H.B. : Eh bien, alors que le pape François donne souvent une image débonnaire, force était de constater que l’heure était solennelle et grave. Le cadre s’y prêtait naturellement puisque la cérémonie d’une heure et demie se déroulait au Vatican, dans la salle royale du palais apostolique et non à Aix-la Chapelle. La présence des trois présidents des trois institutions européennes, conseil européen, parlement européen, commission européenne ajoutait à la richesse du moment. Tout le monde avait bien entendu en tête les deux premiers discours du pape François à Strasbourg, au Parlement européen et au Conseil de l’Europe, en novembre 2014.
L.D. : Allait-on ajouter avec ce Prix Charlemagne comme un troisième volet à un triptyque ?
H.B. : Oui Louis, on peut le dire comme ça. Le pape François à plusieurs reprises s’est cité lui-même quand il a par exemple rappelé qu’il avait qualifié l’Europe de « grand-mère fatiguée ». Rappelé donc pour le redire. Comme si nous n’avions pas bien entendu. Et si le pape, dont l’humilité a dû souffrir ces heures mondaines, accepte d’être le lauréat cette année c’est précisément parce que l’Europe « ce cher continent » comme il l’a nommé a besoin d’un « élan nouveau et courageux » ; l’Église entend participer à la « renaissance d’une Europe affaiblie ». Le pape a alors utilisé tous les ressorts de la rhétorique pour nous réveiller. Et d’interpeller l’Europe par un triple « Que t’est-il arrivé ? » qui sonne évidemment un peu mieux que le « eh Ho » de notre gauche française.
« Que t’est-il arrivé, Europe humaniste, paladin des droits de l’homme, de la démocratie et de la liberté ? Que t’est-il arrivé, Europe terre de poètes, de philosophes, d’artistes, de musiciens, d’hommes de lettres ?
L.D. : À cette interpellation martelée, une forme de I have a dream répété en réponse
H.B. : Oui, et parmi tous les rêves du pape égrenés, « se marier et avoir des enfants » comme « une responsabilité et une grande joie ». Tonnerre d’applaudissements à la fin. Et c’était le ministre numéro trois qui représentait le gouvernement français. Najat Vallaud-Belkacem a salué le pontife argentin
« heureuse d’avoir pu dire au Pape combien ses actes et ses propos portaient bien au-delà de la communauté catholique. »
Don’t act !