Le blog-notes de Radio Notre-Dame
Le blog-notes du 25 avril 2016 (Chaque lundi à 07:08 et 08:52) À 03.27 en réécoute sur le site de Radio Notre-Dame – Le dimanche, la dette d’énergie renouvelée…
Une fois n’est pas coutume, cette année le 1er mai tombe un dimanche ! 2016 serait comme on le dit familièrement une « année patron ».
Oui James, cette année pas de jour chômé payé en pleine semaine ouvrée ! En même temps tout un symbole que cette fête civile, déclarée par l’Église fête de saint Joseph artisan, tombe comme vous venez de le rappeler un dimanche ! Un 1er mai cette année où la fête du travail est fêtée le jour du repos ! Paradoxe ! Profitons-en pour rappeler que le travail a acquis, grâce au Christ, une valeur rédemptrice. Non pas torture vaine comme l’étymologie aurait tendance à nous le dire, mais épanouissement de l’homme finalisé. Participation ô combien noble à l’œuvre de Dieu, quelle que soit la tâche réalisée.
Vous voudriez aussi rappeler la noblesse de tout travail – y compris du travail le dimanche ?
Naturellement. Si l’on s’unit à l’œuvre de Dieu par la grande œuvre du Christ, à savoir la Croix, tout travail se trouve dès lors magnifié, sanctifié. Les auditeurs de Radio Notre-Dame connaissent notre combat pour le repos dominical, mais certains ne peuvent faire autrement que travailler le dimanche à cause de la continuité de service dans lequel ils sont engagés. Je pense à tous ceux qui travaillent par exemple en hôpital, en maisons de retraite ou en maisons d’accueil. Le dimanche, tout devrait être mieux réalisé que les autres jours de la semaine : un personnel de ménage qui n’aurait pas plus à faire en raison de sa diminution le dimanche, des malades mieux pris en charge : les hommes rasés par exemple, une nourriture de fête, des propositions spirituelles adaptées.
Parce que le dimanche, s’il est jour du Seigneur c’est pour que l’homme vive
Les poètes ont très bien senti cela. Je voudrais ce matin rendre hommage à Béatrice Marchal qui vient de commettre un nouveau recueil de poèmes, Résolution des rêves, aux éditions L’Herbe qui tremble et dans lequel elle chante le dimanche :
C’était chaque semaine le même cafard
au soir d’un jour sorti de l’ordinaire
avec ses rituels et le père présent.
Au déjeuner le vin pétillait dans les verres
le dessert se fêtait d’une pâtisserie
avant la marche dans la campagne au grand air.
Rythme plus lent respiration plus libre
se desserrait l’étau des exigences.
Demain il faudrait sans liturgique prière
regagner les terres de la logique
mathématiques grammaire et autres savoirs.
L’enfant cachait ses larmes. Demain la reprise
ignorerait sa dette d’énergie
renouvelée au doux dimanche.
« sa dette d’énergie renouvelée au doux dimanche »
Oui, c’est cela le dimanche avec, c’est vrai, « sa liturgique prière », son vin de surabondance et sa respiration, « étau des exigences » qui en effet « se desserre ». Le portail d’une nouvelle semaine s’ouvre possible grâce à ce jour à part. Le poète explore l’énigme du monde et notamment du temps. C’est ce que fait Béatrice Marchal en levant si finement un peu de l’énigme du dimanche.