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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Le blog-notes de Radio Notre Dame

Le blog-notes du 29 février 2016 (Chaque lundi à 07:08 et 08:52) À 02.57 en réécoute sur le site de Radio Notre-Dame – Loi travail et grosseur du code !

James Combépine : Vous suivez avec intérêt les vicissitudes de la Loi Travail portée par Myriam El Komri qui fédère contre elle des centaines de milliers de mécontents. Pour vous, tous les arguments avancés se retrouvaient déjà dans la loi sur le travail le dimanche…

Hélène Bodenez : Oui avec toujours les mêmes mots, comme flexibilité du temps de travail. Haro sur le code du travail, trop complexe. Pensez donc, 1,4 kg ! Une cure d’amaigrissement s’impose ! Les modernes comme ils se nomment, souvent pavloviennement anti-syndicats, se rendent-ils bien compte pourtant de ce qui vient ? Il y a par exemple dans cette loi El Komri possibilité de remettre en cause le repos quotidien. Si vous n’avez plus « d’heures de loisir pour voir vos enfants, pour vivre, à quoi ça sert de travailler » tempête Gérard Filoche dont la vidéo face à Jean-Jacques Bourdin ce 22 février fait un énorme buzz sur internet : « Au bout, c’est au licenciement sans motif qu’ils veulent arriver » comme aux États-Unis. Eh bien James, elle a fait mouche cette phrase. Au nom de « l’état de droit dans l’entreprise, l’ordre public social », l’ex-communiste révolutionnaire attaque au bazooka « le nouveau modèle social » que prône François Hollande. Lyrique, il termine en disant c’est « ce qu’il y a de plus beau le droit du travail, car c’est l’indice du degré de développement d’une civilisation ».

J.C. : Vous voudriez vous aussi que l’aspect protecteur du code du travail ne soit pas trop vite mis au panier…

H.B. : Certes. Qu’il y ait des négociations à prévoir et des frontières à l’intérieur desquelles celles-ci sont rendues possibles, soit. Mais il ne faut pas sous-estimer la puissance de ceux qui subordonnent face à la faiblesse des subordonnés. Cela, on ne le changera jamais, et il est heureux qu’en France il y ait pour pallier les abus un droit du travail solide. Et sa grosseur tant décriée – ne soyons pas dupes – est souvent venue de chefs d’entreprises eux-mêmes qui veulent toujours plus de dérogations. Dérogations que les campagnes lobbyistes via les medias cherchent d’ailleurs à augmenter sans cesse !

J.C. : Revenons si vous le voulez bien sur le travail le dimanche. Un visuel de Paris Match via twitter proposait hier un récapitulatif des professions « qui chôment le moins le dimanche ».

H.B. Vous voyez James la superbe litote. Il n’est pas dit qui « travaillent le plus le dimanche » mais « chôment le moins » : gendarmes, aides-soignantes, employés d’hôtellerie, pompiers. Que des professions où l’activité est vitale et relève de l’exception non de la dérogation. Paris-Match appartenant aux pro-travail le dimanche cherche ainsi à stigmatiser tous ceux qui ne travaillent pas comme ceux dont le continu de l’activité est majeur. C’est malhonnête ! Je voudrais avertir une fois encore aujourd’hui : la généralisation du travail le dimanche va inéluctablement conduire à la fin de la majoration salariale. Les campagnes sont là pour faire passer dans les esprits que le dimanche doit être un jour comme un autre.