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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Le blog-notes de Radio Notre Dame

Le blog-notes du 18 janvier 2016 (Chaque lundi à 07:08 et 08:52)  A 02.52 en réécoute sur le site de Radio Notre-Dame – Silence sur les agressions sexuelles à Cologne.

Louis Daufresne : On va parler de taharrush. On ne sait peut-être pas forcément ce que c’est. On n’a pas forcément les choses bien à l’esprit. Mais cela nous renvoie aux événements de Cologne. On est loin de connaître tous les aspects de ces événements à commencer par ces agressions sexuelles dans les foules nommées taharrush. C’est pratiqué par des groupes d’hommes et cela a retenu votre attention aujourd’hui.

Hélène Bodenez : Les violences du Nouvel an à Cologne, ville si fière pourtant de son multiculturalisme, s’apparentent à ce que l’on nomme, vous l’avez dit Louis, le « jeu du taharrush » soit des agressions sexuelles dans les foules. J’ai reçu sur mon compte Facebook une vidéo extrêmement vue qui m’informait que la première victime connue de l’Occident d’un tel jeu était la journaliste américaine Lara Logan qui y raconte ce qui lui est arrivé en 2011 dans une foule égyptienne. À Cologne, ce sont des centaines de plaintes qui ont été ainsi déposées et il a fallu quinze jours aux médias français pour enfin parler sérieusement de ce que les réseaux sociaux déployaient depuis longtemps. Tous les plateaux de télévision ou de radio qui ont traité l’info révèlent les mêmes circonspections, les mêmes attitudes effarouchées, tous se réclamant d’une énorme prudence vu, disent-ils, « la complexité du débat ». On pouffe quand on voit que précisément ce n’est pas la nuance ni les complexités qui étouffent d’habitude nos médias avides de scoops et de coups médiatiques.

L.D. : Comment expliquer ces dénis de réalité ?

H.B. : Parce qu’en parler c’est être affolé par le fait que l’on puisse entrer dans le jeu de l’extrême droite. Si les journalistes sont gênés aux entournures, c’est qu’ils ont peur de dire comme elle. Et plutôt que de dire la vérité, ils la taisent. Regardez les questions posées se refusant à admettre qu’il y ait eu organisation. Le premier ministre de Suède a été obligé de s’expliquer sur les agressions mises sous le boisseau pendant un an et demi, dont certaines sur de très jeunes adolescentes de 11 ou 12 ans. Eh, bien il a refusé de conclure que c’était dû à des différences culturelles. Juste une conclusion lapidaire « Ça doit cesser ! ».

L.D. : Un exemple de débats pour illustrer ?

H.B. : Oui, Louis. C’était sur Arte le 14 janvier dernier : très intéressante Valérie Toranian, directrice de La Revue des Deux Mondes, invitée d’Élisabeth Quin, lançant : « Le rêve, c’est que ce serait l’extrême droite qui se soit rendue coupable de violences contre des femmes ». « Et ce n’est pas ça ! » renchérit Le Parmentier. « Eh oui, « malheureusement », ce n’est pas ça… » relance-t-elle. Eh bien, « Malheureusement ». Tout est dans ce « malheureusement ». Pour ne pas donner de chèque en blanc à l’extrême droite, on n’informe pas, on n’avertit pas, on manipule, terrorisés que sont, journalistes et même forces de police de devoir peut-être dire que ces violences ont été commises par des populations étrangères et probablement musulmanes. Pour refuser la grille de lecture culturelle, on va ainsi chercher « le » gentil syrien qui a sauvé une étudiante d’un tel hallali. Mais que font donc les féministes ?