Le blog-notes de Radio Notre-Dame
Le blog-notes du 21 décembre 2015 (Chaque lundi à 07:08 et 08:52) A 03.16 en réécoute sur le site de Radio Notre-Dame – L’homme en rouge n’existe pas…
Louis Daufresne : Comme chaque lundi, en ce 21 décembre, à quelques jours de Noël, et de son cortège d’illuminations, de vitrines chatoyantes, de consommation échevelée, cela vous fait méditer, Hélène…
Hélène Bodenez : Oui l’autre jour, un samedi, je passais devant les vitrines d’un grand magasin. Comme chaque année, l’enseigne avait fait appel à son expert artistique pour raconter une nouvelle histoire. Qu’y voyait-on ? Rien qui puisse de près ou de loin parler de Noël. Le noir et le violet dominants n’incitaient pas vraiment à se projeter vers les horizons de la Nativité mais renvoyaient davantage du côté d’Halloween ; un univers païen avec ces lutins blancs appelés d’ailleurs diablotins achevaient d’évoquer tout sauf Noël. À chaque fois que je suis passée devant ces grandes vitrines décorées à grands frais, j’ai remarqué que les enfants n’étaient pas vraiment au rendez-vous. Une chose était sûre : l’important n’est pas de fêter vraiment Noël. La source est depuis longtemps ignorée au profit du grand Nord et de ses rennes, du froid de l’hiver et de sa neige caractéristique du climat de l’hémisphère nord au 25 décembre…
L.D. : Pour ce qu’il en reste de ce climat, pour l’instant …
H.B. : Absolument ! … Et saint Nicolas s’est métamorphosé en Père Noël rouge coca-cola, voyageant sur son traîneau.
L.D. : Justement, parlons-en de ce père Noël. Vous avez remarqué la dernière chanson de Michel Polnareff
H.B. : En effet, Louis. Michel Polnareff qui s’est fait discret depuis ces dernières années nous revient avec un album dont l’un des titres a été dévoilé ces jours-ci : “L’homme en rouge”. Certains en ont déjà fait une critique méchante. Je serais moins sévère. Dès les premières notes on reconnaît l’univers de l’artiste. Certes, les paroles n’ont rien d’inoubliable, mais c’est cela une chanson : c’est léger, ça s’fredonne… On danse même sur des ohohoh… Le but de la chanson ? Sensibiliser les auditeurs à ceux qui n’auront rien à Noël vivant cette fête seuls, loin de la chaleur d’une famille ou d’amis : « J’ai faim, j’ai froid, j’ai peur, je pleure, j’suis seul. Y’a pas de soleil dans mon hiver, l’homme en rouge n’a rien pour moi ».
L.D. : Oui, une chanson humaine, humanitaire en un certain sens
H.B. : Oui mais dans son refrain simple, elle peut toucher le plus grand nombre. Mais, surtout en creux, cette chanson est très intéressante, n’en déplaise au Figaro. Si l’on écoute bien, elle est entièrement composée en mode négatif : « j’suis personne, j’n’existe pas… l’homme en rouge ne viendra pas…. L’homme en rouge ne me connaît pas… Y’a pas de soleil dans ma misère. L’homme en rouge ne me réchauffera pas » (à 01:57)… Y’a pas d’lumière dans mon tunnel… L’homme en rouge ne l’allumera pas. »… Si l’on fait en positif le portrait de celui qui viendrait, connaîtrait chacun, réchaufferait les cœurs, illuminerait les vies… la réponse, nous l’avons : c’est Jésus à Noël qui vient pour tous, pauvres et riches, pour que ce soir ne soit justement pas un « soir de linceul » comme le chante Polnareff. Et la bonne nouvelle donc, c’est que ce père Noël « n’existe pas », mais qu’existe, en ce soir de langes, notre Dieu qui se fait nouveau-né.