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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Le blog-notes du 6 avril 2015 – Le lundi de Pâques : un jour férié de trop ? (À 03:58 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute).

Louis Daufresne : On va parler d’une députée réunionnaise, qui a déposé à l’Assemblée un amendement très discret de la loi Macron qui a été adopté le 14 février. Il permettait de remplacer des jours fériés catholiques par des fêtes locales Outre-mer, dont le lundi de Pâques.

Hélène Bodenez : Voilà mais heureusement cet amendement vient d’être retoqué au Sénat. La Commission spéciale chargée d’examiner le Projet de loi pour la croissance et l’activité a adopté la suppression de l’article 82 bis. L’unité de la Nation a donc prévalu. Mais il ne faut pas se leurrer, les coups de boutoir se font de plus en plus sournois. À chaque fois qu’on perd du terrain sur le front du repos dominical ou des jours fériés, et l’on en perd, c’est souvent par le biais d’amendements félons, de nuit, ou de décrets pendant des vacances… Un patrimoine immatériel à défendre avec plus de force encore que le patrimoine matériel de nos églises.

L.D. : Les jours fériés ce n’est pas comme le dimanche, c’est ce qu’on vous répondra

H.B. : C’est souvent ce qu’on nous dit ils en sont souvent le prolongement. Bon nombre d’entre eux révèlent le substrat chrétien de notre culture. Que ce soit le lundi de Pentecôte, que ce soit le lundi de Pâques comme aujourd’hui, ces jours fériés révèlent l’importance d’une fête puisqu’ils inaugurent l’octave de la fête (Pâques ou la Pentecôte) où la grâce de la fête est donnée, au-delà du seul jour de la fête, pendant huit jours. Et même lorsqu’on n’est pas catholique, le bénéfice d’un jour de repos est pour tous dans un horizon social rude. Même Voltaire reconnaissait les bénéfices sociaux de la religion. Outre les deux lundis cités, il y a d’autres fêtes mobiles comme la Toussaint, Noël, le jeudi de l’Ascension ou l’Assomption que les Français, même en déshérence religieuse, sont bien heureux de vivre dans ce contexte d’un humanisme fondé. C’est du liant social. Le repos des jours fériés relève d’ailleurs de ce qu’au niveau international on nomme le « travail décent ». C’est une alternance travail/jours fériés qui est une une aternance de décence.

L.D. : Alors une pétition a été lancée

H.B. : Oui  et elle a engrangé 50 000 signatures. Le père Patrice Gourrier une des grandes gueules de RMC est monté au créneau, je cite :  « Petit à petit, ils détricotent des choses… On fait croire aux gens que le pognon est la seule chose qui compte, dans une société qui n’a plus de tissu social, à un moment où des tas d’associations se réunissent, où les couples se réunissent, où les familles se réunissent… ». Un vrai coup de gueule.

Parallèlement, je ne peux m’empêcher de remarquer que c’est en plein week-end de Pâques que l’information du doublement des mosquées espéré par Dalil Boubakeur d’ici deux ans tombe avec le nombre de musulmans qu’une telle déclaration suppose. L’archevêque de Paris n’a pas hésité à admettre hier sur RTL que la vraie question en jeu c’était de savoir pourquoi il y avait des églises où les gens n’allaient pas. Le problème des jours fériés possiblement abandonnés – intrinsèquement lié à la question du repos dominical – est là : les chrétiens sont dans une léthargie coupable les premiers à verser dans un « pourquoi pas » ni plus ni moins suicidaire.