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2 avril 2019 : quatorze ans après, Jean-Paul II toujours au cœur !

2 avril 2005. 21h37.

Saint-Pierre de Rome. Le pape nous bénit désormais de sa fenêtre du ciel. Dimanche de la Miséricorde divine.

Nous sommes ce jour-là, nous la génération Jean-Paul II, difficilement consolables. Nous osons le dire encore quatorze ans plus tard. Beaucoup dans un catholiquement correct pénible voudraient nous en empêcher. Cette façon de pleurer relèverait du cléricalisme. Et certains de militer aujourd’hui pour la « décanonisation » du grand pape slave (1). Et d’autres de proclamer haut et fort leur apostasie.

À quoi bon le grand jubilé ?

Quatorze ans plus tard, panique à bord ! Quatorze ans plus tard, c’est vrai, la barque de Pierre, la nef du premier prêtre et du premier serviteur de l’Église, paraît prendre l’eau comme jamais. Comme s’il n’y avait pas eu de grand pape slave pendant vingt-six ans. Comme s’il n’y avait pas eu de grand jubilé de l’Incarnation et de la Rédemption de l’an 2000. Ou pire même, comme si ce grand temps de miséricorde exceptionnel n’avait servi à rien.

En grand prêtre, Jean-Paul II affaibli et souffrant, à genoux, accroché à la croix du Christ, n’avait-il pas passé la porte sainte et emmené derrière lui tous les pécheurs demandant miséricorde ? N’était-ce pas promesse d’un avenir radieux ? Mais en l’an 2000, le pape avait également canonisé sœur Faustine Kowaslka et nombre d’entre nous avions alors découvert son Petit journal. Nous étions bien prévenus : après le temps de la miséricorde viendrait le temps de la justice, ce temps de justice que l’on croit toujours fait pour l’autre plutôt que pour soi jusqu’à parfois la calomnie. Temps de fins bien particulières sans doute mais aussi plus largement de fins dernières !

Je me souviens à quel point le moment était d’importance, préparé de longue date dans le cœur de Karol Wojtyła, avec phase anté-préparatoire, puis pendant trois ans avant le basculement de siècle avec ces années dédiées aux personnes de la Sainte-Trinité, au Christ, à l’Esprit-Saint et au Père. Nul doute que les fruits spirituels de ces temps durent encore parce qu’il n’est simplement pas possible que les temps actuels n’aient rien à voir avec les temps d’alors. Dans la foi nous le pensons et le disons. Le pape de « l’alliance avec la sagesse éternelle » savait plus que tout autre à quel point son Église était malade et il avait déjà empêché en paratonnerre exceptionnel qu’elle ne coule tout à fait à ce moment-là. Le successeur de Pierre nous armait avant la bataille, nous fortifiait pour tenir au vent mauvais.

Un sursis ? Encore un peu de temps ?

N’était-ce au fond qu’un sursis ? N’était-ce qu’une grâce de surabondance d’amour dans des moments renégats ? Fallait-il octroyer encore un peu de temps pour que la patience de Dieu se déploie encore et encore, que l’homme ait des oreilles pour entendre et se convertisse ? Serait-ce avec saint Jean-Paul II la négociation d’Abraham sans cesse recommencée ? « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? »… Si tel était le cas, serait-ce le temps aujourd’hui des querelles et des attaques ? N’est-il pas urgent de se préparer et d’annoncer enfin et vraiment que « Jésus sauve » ? Assez de temps précieux gaspillé !

Le 1er juin 1980, lors de la messe dominicale au Bourget où j’étais présente sous une pluie battante, glaciale, le jeune pape relayait avec insistance et zèle la demande du Christ : « Allez…. enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». À la fin de l’homélie qui fera date, le Saint-Père affirme que la grandeur définitive de l’homme est en Dieu ». Mais Jean-Paul II ne s’arrête pas à prononcer seulement le nom de Dieu. Il précise de quel Dieu il parle, de Dieu Père Fils et Saint-Esprit. Du Dieu trine. Du seul vrai Dieu à adorer. Ce sont les derniers mots du prêche. Mots d’importance à les relire aujourd’hui.

Dans le manteau protecteur de la Providence

En ce 2 avril 2019, après quatorze ans que notre cher “JPII” s’en est allé dans la maison du Père, à cinq ans de la canonisation qui nous semblent bizarrement avoir duré des siècles, la volonté de destruction de l’Église paraît plus forte que jamais. Levons les têtes, prenons courage avec ses saints mots : « Même devant le chaos du mal, les tempêtes de l’histoire et la colère de la justice divine, le priant se sent en paix, enveloppé par le manteau protecteur que la Providence offre à celui qui loue Dieu et suit ses voies. À travers la prière on apprend que le désir véritable du Seigneur consiste à donner la paix. »

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(1) La canonisation relève de l’héroïcité des vertus non de la gouvernance.

(2) On peut mentionner une volonté d’être débaptisé, mais fondamentalement, comme sacrement à caractère, cela n’est pas possible.

(3) L’apostasie : reniement de son baptême. Benoît XVI a largement développé ce thème notamment concernant l’Europe.