Ramadan à l’Hôtel de Ville : Anne Hidalgo contrevient-elle à la laïcité ?
Réagissant dans une tribune du Figaro Vox, la sympathique porte-parole de Sens Commun, Madeleine de Jessey, veut qu’on lui “explique pourquoi” des crèches ont dû être enlevées cet hiver au nom de la laïcité quand Anne Hidalgo fête la rupture de jeûne du Ramadan à l’Hôtel de Ville. Non contente de faire un sérieux accroc à la laïcité, le maire de Paris se rendrait coupable, selon la Secrétaire nationale des Républicains, d’un clientélisme honteux. Soit. J’ai ainsi vu tweets et retweets passer, prête moi aussi à relayer la bonne question. Pourtant, je n’en ai rien fait car si la question de base semble bonne, la cible me paraît injuste. Loin de moi de vouloir à tout prix cautionner la politique socialiste d’Anne Hidalgo. Je voudrais simplement faire remarquer que l’affaire des crèches cet hiver ne concernait pas Paris, et que les deux agités de La Libre pensée s’étaient ingéniés à faire retirer une crèche du Conseil général de Vendée. Certes, cela préfigure sans doute d’autres actions à venir en France, y compris peut-être même à Paris, mais pour l’instant Anne Hidalgo n’a pas, à ma connaissance, demandé cela.
Un certain respect d’Anne Hidalgo pour le christianisme
Il ne me semble pas qu’Anne Hidalgo méprise la religion catholique parce qu’elle fait les yeux doux aux musulmans. À preuve sa condamnation « des actes de profanation commis au sein de l’église Saint-Odile ». À preuve, son discours lors du dévoilement de la statue de Jean-Paul II en présence du cardinal-archevêque de Paris qui la remercia d’avoir trouvé pour la statue « un lieu significatif et visible ». À preuve, dans la foulée, son invitation sincère du pape François à venir à Paris. À preuve, son soutien courageux aux côtés d’Anne-Isabelle Tollet pour Asia Bibi jusque sur la façade de l’Hôtel de Ville. (1) À preuve surtout, et c’est la raison principale que je voudrais avancer ici, sa résistance au travail dominical. Jusques à quand d’ailleurs ? Anne Hidalgo tiendra-t-elle face aux pressions de son camp, des grandes enseignes que la Loi Macron favorise ? En tout cas, je salue sa conviction forte d’essayer de donner ce temps hebdomadaire un même jour, le dimanche, à tous, bienfait social issu d’abord du christianisme puis de luttes ouvrières laïques ; quand le Maire de Paris fait cela, elle fait plus pour les catholiques que pour les musulmans et leur rupture de jeûne même si ces catholiques ne le voient pas toujours.
Grossiers enjeux électoraux
Il est certain que sous les socialistes les catholiques sont réellement stigmatisés. Perspicace et combative, Madeleine de Jessey a, par conséquent, raison de pilonner chaque fait, de ne rien laisser passer à une gauche donneuse de leçons et dont les actes ne reflètent pas toujours les paroles. Mais à ce jeu on risque parfois de sortir la grosse batterie, celle du parti politique dont les enjeux électoraux restent également clientélistes, parti politique qui ne fait pas dans la dentelle. C’est le jeu. Cette note donc pour un peu de nuance.
(1) Mise à jour 7 juillet, 11:24. Comment oublier cet acte fort ?
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Lire sur le site du Figaro Vox “Nuit du ramadan à la mairie de Paris ou la laïcité à géométrie variable”.
