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Marie, Mère de l’Église : nouvelle jeunesse pour le lundi de pentecôte

Lundi de Pentecôte

La bataille du dimanche et des jours fériés n’est pas finie. La guerre sociale, forte de sa main basse sur le repos dominical et sur le lundi de Pentecôte, continue de couver. En apparence, elle a l’air gagnée par les grands marchands puisque la loi Macron a augmenté de manière énorme l’ouverture des commerces via des zones dédiées toujours plus larges, notamment à Paris. Mais bizarrement les choses ne sont pas réalisées définitivement : les syndicats avancent toujours leurs recours qu’ils gagnent et l’Église dont on se rit que les divisions faiblissent n’a pas dit son dernier mot.

Le miracle du travail le dimanche n’a pas eu lieu

Les syndicats en effet ont permis l’annulation de la création de la ZTI des Olympiades dans le XIIIe par le tribunal administratif de Paris et ceux qui auraient voulu que tout Paris devienne une immense zone touristique en sont actuellement pour leurs frais. La déréglementation en cours n’arrive pas encore à la cheville du Sunday Trading Act de la Grande-Bretagne. La France est la France !

Le porte-parole du Gouvernement a eu beau essayer de noyer le poisson dans des chiffres fantaisistes dignes des « farces et attrapes » comme l’a martelé Joseph Thouvenel sur les ondes, la consommation du dimanche n’est pas là, encore moins les emplois créés. Pire, les magasins Carrefour de proximité vont fermer définitivement. Preuve s’il en est que le travail le dimanche n’a pas été le miracle attendu comme les chefs d’entreprise de ces enseignes l’avaient martelé.

Cela dit, l’horizon est loin d’être sans nuages. Des syndicats réformateurs signent tout de même des accords sur le dimanche et ce manque d’unité réduit beaucoup tout ce que les condamnations d’autres syndicats obtiennent. Il n’y a qu’à voir comment par exemple, Unibail Rodamco, à la manœuvre depuis longtemps, a demandé le classement en ZTI du “quartier d’affaires” de la Défense. Le premier groupe coté de l’immobilier commercial en Europe a  obtenu outre le travail du dimanche, le travail pudiquement appelé travail en soirée qui va de 21h à minuit. Ajoutons des dispositions à vocation interprétative et rétroactive pour couvrir les condamnations obtenues et des organisations syndicales couvrant ces comportements. C’est comme un cancer dans une France déjà complètement anesthésiée. À qui le tour ?

Quant à l’Église, malgré le troisième commandement toujours parfaitement actuel, elle n’agit certes plus en interdisant (1), en condamnant ni en reprochant le travail le dimanche ou les jours de fête. Mais elle ne manque pas non plus les occasions de parler à temps et à contre-temps. La déchristianisation en cours qu’un matérialisme puissant irrigue n’est pas totale encore. La dernière surprise du Pape François nous le confirme. Le Saint-Père a institué cette année une nouvelle fête religieuse, celle de Notre-Dame, Mère de l’Église. Explicitant une réalité déjà présente par tradition dans l’Église, le pape a décidé le 11 février dernier que cette nouvelle mémoire mariale serait célébrée le lundi de Pentecôte, ce premier jour férié dont on veut faire depuis longtemps un jour normal le croyant démonétisé.

Réactiver la sève de la racine

Quoi de plus juste que de réactiver la sève d’une telle racine ! Nouvelle jeunesse donc pour le lundi de Pentecôte ! Les catholiques aiment les fêtes mariales et leur tendre douceur lumineuse. Nul doute qu’ils se réapproprieront, en particulier une jeunesse fervente, ce jour de grâce.

Saint Jean-Paul II avait rappelé le 25 mars 1987 la présence de Marie au Cénacle lors de la Pentecôte : « Après les événements de la Résurrection et de l’Ascension Marie entrant au Cénacle avec les Apôtres dans l’attente de la Pentecôte, était présente… »… Dans une vision finalisée des choses, le pape slave du Grand Jubilé de l’An 2000, toujours debout à la proue du bateau Concile Vatican II, avait redonné la lumière aux nations au paragraphe 2 : « Soutenue par la présence du Christ, l’Église marche au cours du temps vers la consommation des siècles et va à la rencontre du Seigneur qui vient ; mais sur ce chemin elle progresse en suivant l’itinéraire accompli par la Vierge Marie… »

Une nouvelle fête comme signe des temps ?

Le pape est donné à l’Église de manière toujours nouvelle et actuelle. Ses mots, ses actes – Oeconomicae et pecuniariae quaestiones est sorti ce 17 mai – sont à interpréter avec profondeur. Dans les vicissitudes de nos temps troublés, d’une Église dans la tourmente, voyons ce don d’une nouvelle fête comme un appel à vivre le repos d’une contemplation des choses d’en-haut comme vivifiant et inspirant. Voyons ce jour gratuit, donné à l’homme pour son élévation spirituelle. Acceptons avec joie la « liberté intempestive » du chef de l’Église.

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(1) Pourtant le troisième commandement est bien un interdit de travail. Les dix commandements ne sont pas subitement devenus les neuf commandements depuis la loi nouvelle post-Résurrection du Christ.

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Lire sur le site de Cairn « La grande distribution et le repos dominical. Aux origines d’une controverse vieille de 45 ans »

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L’évangile du jour, Fête de Saint-Marie Mère de l’Église, Jn 19,25-34.

En ce temps-là, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.

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Lire l’homélie de Benoît XVI commentant ce passage pour le 1er anniversaire de la mort du pape Jean-Paul II, le 3 avril 2006.