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Légion d’honneur aux héros du Thalys : les couleurs de la jeunesse

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Le président de la République a donc honoré les héros du Thalys de la Légion d’Honneur, la plus haute distinction décernée en France. On l’avait appris à la dernière minute, hier soir, dimanche. Julian Bugier l’annonce sur France 2 en fermant le JT de 20 heures. Arrivés dans une grosse voiture noire de l’ambassade américaine, les quatre récipiendaires étaient ainsi attendus ce lundi à 9 heures dans la cour de l’Élysée par une nuée de photographes. Aux États-Unis, les trois amis d’enfance font déjà la une des journaux en pleine page et gros caractères.

Dans son discours, François Hollande n’a pas tergiversé et a clairement désigné le mal, le terrorisme, et son antidote, le courage au service du bien et de l’humanité, « ce que vous incarnez » a-t-il déclaré dans son éloge en direction de nos décorés. Une « rhétorique de l’héroïsme qui nous fait du bien » a analysé Apolline de Malherbe en direct sur BFMTV. L’exemplarité de l’action éclair qui s’est déroulée dans le Thalys vendredi soir était au cœur du discours du chef de l’État. Saurons-nous tirer les leçons qui s’imposent désormais, les leçons de ce qui s’apparente à un avertissement des plus net ?

L’extrême jeunesse des héros du Thalys

Je ne sais. Laissons les experts mesurer les choses. Ce qui me frappe, en revanche, c’est l’extrême jeunesse et la force de nos protagonistes, encore groggy de tout ce qui vient de leur arriver, « eux qui ont maîtrisé à mains nues un terroriste lourdement armé ». Lors de la conférence de presse de dimanche à l’ambassade américaine, ils ont plusieurs fois dit qu’ils trouvaient cela « dingue », « irréel »… Ils sont, semble-t-il, à peine réveillés d’un cauchemar qui se termine miraculeusement bien. Comme une fiction américaine aux fins improbables. Pas comme celles de films français…

Elle était méritée cette croix blanche au ruban rouge sur ces polos de couleur. Le contraste était saisissant ce matin entre des adultes cravatés, un peu ratatinés en tenue grise, et ces gaillards désarmants, jeunes, sportifs, en polos de couleur. Happés dans leurs vacances où peu de tenues de cérémonie avaient pris place dans leurs bagages, avertis moins de douze heures avant la cérémonie, un dimanche pour le lundi qui plus est, nos héros apparaissent dans le décorum de l’Élysée en tenue détendue.

Quel symbole pourtant ! La couleur pour dire la force, l’énergie, l’espérance face au noir de la faiblesse, de l’épuisement et du désespoir que voudrait distiller toujours plus le diabolique État islamique. Les chatoyants polos américains, sobres et décontractés tout à la fois, pour raviver les couleurs de l’espérance qui veille plus qu’on ne croit. L’orange et le gris portés par le vert de l’espérance ? Ce n’était finalement pas négligé ; c’était rudement bien trouvé.

Anthony Sadler, 23 ans, Alek Skarlatos, 22 ans, Spencer Stone, 25 ans… Qui parle de leur âge ? C’est vrai qu’ils ont l’air d’en faire plus tant leur carrure les rend apparemment mûrs. Mais enfin, ils sont très très jeunes et leur regard que les zooms des photos révèlent le dit. Leur mérite paraît d’autant plus grand qu’il a quelque chose de cornélien. La valeur n’attend pas le nombre des années… L’Histoire nous l’apprend, ô combien ! Combien de Légions d’honneur données à des personnes si jeunes ? Leur sobriété et leur apparente humilité force en tout cas l’admiration quand ces jeunes vous disent qu’ils ne pouvaient qu’agir comme cela.

Le moteur de l’amour et de l’amitié

Ajoutons pour finir un élément d’importance. L’amitié et l’amour ont eu leur mot à dire encore dans ce bain de sang évité et il faudra tabler à l’avenir sur ce moteur puissant. Anthony en témoigne lorsqu’il a vu ses amis se lever : « Je ne peux pas les laisser partir tout seuls » a-t-il déclaré à l’Ambassade américaine. Mais l’on sait par le témoignage de son épouse donné sur Europe 1 que le professeur d’anglais, l’un des deux hommes qui restent encore à décorer, toujours à l’hôpital, cherchait de son côté à défendre sa femme. Amis d’enfance ou époux, Alek, Spencer et Anthony ainsi que Mark Moogalian et le héros inconnu, symbolisent la fraternité que la France aime tant récompenser. Une chose est sûre, le combat du monde libre ne fait que commencer. Le Britannique Chris Norman l’a dit en quittant l’Élysée : « Je vous invite à penser à ce qu’il va arriver… À ce qu’il faudra faire si cela arrive encore. »… Tout est là désormais.

 


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Lire sur le site d’Aleteia de Philippe Oswald “Attaque du Thalys : l’héroïsme à l’honneur”