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Interdire d’interdire : penser la restauration de Notre-Dame

Restaurer Notre-Dame

“Il faut nous rendre la cathédrale que nous aimons comme nous l’avons connue” lance Olivier de Rohan Chabot. Le ton est donné dans le débat animé par Frédéric Taddéi ce 24 avril alors que les cendres de l’incendie sont à peine froides.

Un Plan Cathédrales plus large

Avec son plan dessiné en deux jours et son toit-terrasse en verre possiblement ouvert au public, Pierre Roussel, a voulu répondre à l’impétueuse envie de reconstruire, fixer un cap en termes de délais. En ce sens, l’architecte urbaniste approuve le chef de l’État : heureusement, on ne va pas ainsi traîner comme d’habitude.

Philippe Prost, architecte lui aussi, tempère rapidement les enthousiasmes. Il table sur l’œuvre collective qui découlera des temps incompressibles d’évaluations des dégâts, de consolidations, de protections de l’existant, des diagnostics et des projets. Et d’imaginer enfin que l’État lance un grand “Plan Cathédrales” dans tout le pays espérant au passage que les consciences se réveillent pour restaurer plus large que Notre-Dame.

Le dernier état connu

Sur l’annonce du président de reconstruire “plus belle” la cathédrale en cinq ans, Didier Rykner trouve de son côté que c’est dangereux. Pour le directeur de La Tribune de l’Art, il faut que l’on retrouve bien entendu la silhouette de la flèche. Se fondant également sur la charte de Venise, il espère que la restauration se fera bien selon “le dernier état connu”. Il rappelle en outre que l’ensemble du monument comme la flèche est classé Monument historique. Quand on classe un monument, on le fige dans un état. Et d’imaginer au moins deux solutions simples pour collecter les finances destinées à sauver le patrimoine.

Augmenter les crédits de fonctionnement

Olivier de Rohan Chabot se félicite quant à lui que le président soit volontariste tout en affirmant que cela ne se fera jamais en cinq ans. Mais pourquoi pas, il vaut mieux partir avec la volonté d’arriver ! Avec une pointe d’humour, il plagie Clémenceau et lance : La restauration ? C’est trop grave pour la confier… aux gens de la culture ! Quitus est donc donné à la nomination du général Georgelin. En revanche, le point sur lequel le président de la Fondation La Sauvegarde de l’Art Français veut insister à son tour c’est le travail d’équipe que cela va supposer. Pour lui, le vrai défi moderniste c’est d’arriver à faire aussi bien que nos aïeux, c’est de pouvoir transmettre les savoir-faire sans avoir peur de l’aspect religieux du patrimoine à sauver. Pour finir, il en appelle aux Français : il faut qu’ils montrent davantage leur attachement au patrimoine. Concernant les financements, il regrette ainsi l’inégalité énorme entre crédits d’investissements et crédits de fonctionnement.