Par

Le Dimanche, jour cardinal !

tempsmodernes

Dans sa cantate Actus tragicus, BWV 106, Jean-Sébastien Bach fait entendre ces mots au début de ce sommet de musique : Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit. « Le temps de Dieu est le meilleur de tous. » N’y a-t-il pas phrase plus juste pour définir le dimanche ? Dieu a révélé son temps à l’homme et c’est le meilleur. Dans une optique d’un temps complexe, difficile à appréhender pour l’intelligence humaine, le dimanche est un jour à part dans une division du temps peu perfectible. Et parce que le temps est difficile à appréhender pour l’intelligence humaine, Dieu est venu au secours des hommes leur révélant qu’au septième jour il n’a plus créé de créatures, qu’il s’est reposé pour autre chose. Il n’est pas dit alors que Dieu ne fasse rien. Quand Dieu se repose et cesse son activité créatrice, Dieu œuvre encore. Jouir de sa création, la contempler et en particulier contempler l’homme et la femme qu’il aime créés par pure gratuité le sixième jour, voilà ce que Dieu a fait quand il a chômé le septième jour. C’est surtout un septième jour que le Christ mort, abandonné de manière mystérieuse à l’œuvre du Père, s’est reposé dans le tombeau, le Père du Ciel travaillant à la résurrection de son Fils le premier jour de la semaine, tel que le rapporte le texte biblique de la Nouvelle Alliance [1].

 

Depuis le Sabbat

 

Depuis des siècles, des millénaires même, quand les hommes ont respecté et respectent le sabbat un jour dans la semaine, ils cessent leurs activités et cherchent Dieu en l’imitant se reposant. Aujourd’hui, en pays de tradition chrétienne, le jour de repos depuis la résurrection historique du Christ c’est le dimanche, continuité légère du sabbat [2]. Les hommes qui le veulent glorifient le Créateur qui rythme « le cours du temps afin d’en alléger le poids » (Hymne de saint Ambroise), les hommes qui le veulent glorifient Dieu qui libère. Ce jour-là, les hommes qui le veulent célèbrent ensemble la création qui ne cesse de se renouveler. Jour du Seigneur, premier jour de la semaine, le dimanche seul jour ayant dans son nom l’empreinte chrétienne, s’inscrit ainsi dans une semaine ordonnée de sept jours. Comme le dit Augustin d’Hippone à propos de la naissance du Christ, Seigneur du temps et de l’Histoire, « de son Père, il est né pour régler l’ordre des jours ». Jour phare, « centre intérieur », le dimanche est un jour très singulier par rapport à la succession des autres jours le précédant et l’appelant ; dimanche amont et aval en même temps. Jour cardinal [3].

Célébrer le dimanche relève de la justice que les hommes rendent à Dieu. Troisième commandement, le repos du sabbat ressortit à la loi naturelle : l’homme est pleinement homme quand il vit la sanctification du jour de Dieu. C’est donc un bien pour lui que de s’y adonner. Par ce moyen « positif [4] » mais déjà inscrit dans son cœur, l’homme prend conscience du bonheur pour lequel il est fait et dont l’objet ne dépend pas de lui. Par le dévoilement qu’opère la Révélation, l’homme accède plus facilement à quelque chose de ce que Dieu est, et de ce que l’homme est.

Les-Temps-Modernes-Fin-2.png

Il y a là quelque chose d’éminemment social. Quand Dieu donne sa loi aux hommes, il contracte une alliance avec un peuple. Et voilà le peuple constitué dès lors qu’il se reconnaît une loi commune, un législateur commun. Le respect du sabbat n’a de but que de les conduire à leur épanouissement. Sous régime chrétien, le dimanche jour commun respecté par tous, le fonde comme noyau d’un ordre social historique. A contrario, l’effacement du dimanche comme nous le voyons aujourd’hui [5], relève d’une faute sociale grave en alimentant des structures de désordre qui rompent avec la finalité de l’homme, avec le sens de l’homme. C’est pour cela que la position de l’Église sur cette question n’a pas varié [6] : elle dit oui à des exceptions de bon sens mais non à la généralisation des dérogations qui ne feront qu’amener la libéralisation complète du travail le dimanche et mettront en péril le principe du repos dominical et donc le bonheur de l’homme.

 

Le temps des marchands

 

Jour de joie à cause de la Résurrection du Christ et de notre résurrection à venir en un dimanche qui n’aura pas de fin, jour de mémoire et de sanctification, « âme des jours » vécu depuis le IVe siècle par les chrétiens mais pas seulement [7], réalisation de la figure qu’était le sabbat [8], le dimanche chrétien est ainsi petit à petit devenu le jour de tous, le jour de l’homme. Ce que les chrétiens vivaient de manière prophétique était bon pour tout homme. Ce que les chrétiens vivaient, libération de l’asservissement originel du péché et joie, était devenu socle intégré de manière humaniste ; cela avait fini par modeler le visage de toute notre civilisation européenne.

Mais cette intégration n’a pas eu que du bon car les significations vivifiantes se sont diluées, et le jour de bonheur pour tous a perdu la valeur religieuse, solide parce que fondatrice d’un humanisme qui était au départ chrétien. Le sens a glissé vers la seule signification du simple jour de fête. Et sur cet affaiblissement du dimanche chrétien vient aujourd’hui – l’aubaine est trop bonne – l’encouragement à libérer le travail le dimanche [9]. Le dimanche est bel et bien en danger, moribond même ; force est de constater que l’effritement des fonctions sociales du dimanche, amorcé depuis la grande « déconstruction » du XIXe siècle, n’est pas fini. La modification de l’« ordre des jours », ordre de sagesse pourtant, par le coup de grâce porté au repos dominical, solde la déchristianisation du temps et de la société. La Modernité a atrophié jusqu’au délitement un jour incompatible avec ses fruits les plus amers : mondialisation prédatrice, libéralisme dérégulateur, temps compressé et laïcité [10].

Charlot-et-la-Gamine-Fin-3.png

La mondialisation réclame toujours plus que s’érodent les pôles de résistance aux valeurs marchandes. Les marchands n’hésitent plus à faire main basse sur un temps inviolable qui ne leur appartient pourtant pas. Depuis longtemps les hommes qui avaient l’habitude de consacrer le dimanche à autre chose qu’à la consommation n’ont qu’à bien se tenir ! Les Français tenaient-ils à préserver le temps gratuit dévolu à la vie familiale, à la vie associative, sportive, à la vie culturelle, spirituelle et religieuse ? Ils changeront. Cela fondait-il un équilibre humain et créait-il du lien social ? Après nous le déluge !

Au lieu d’y voir un sommet de civilisation, une sagesse vécue qui fait des nations qui la vivent les nations les plus grandes, certains aujourd’hui voient au contraire dans le repos hebdomadaire obligatoire du dimanche un retard de progrès [11], et ne veulent plus tarder par conséquent pour s’aligner sur des pays où se pratiquent le travail des enfants, la course à la consommation…

 

Dévoiement du travail

Dans une perspective judéo-chrétienne, le repos sabbatique que le dimanche « accomplit » était pourtant bien un sommet dans la vision du travail. C’est ainsi que le dimanche n’est pas seulement le temps de la seule heure de culte de certaines religions : c’est tout le jour qui est voué au repos, aux heures riches et non oisives. Jour de solidarité active également que le dimanche !

Y toucher relève d’une régression, et de la part du politique d’une faute grave puisqu’il n’encadre plus la volonté prédatrice des marchands de tout dérégulariser. Les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté sont dans leur droit le plus strict quand ils demandent au politique de protéger ce jour, centre de la semaine, où les valeurs chrétiennes intégrées par la République française, cimentent une communauté large et aide les personnes à parvenir à maturité, ce qu’empêchent les « nouveaux besoins induits de la société de consommation [12] ». Sous l’angle de la doctrine sociale de l’Église, et du droit naturel, l’argument principal demeure bien l’articulation entre politique et économie : au nom du bien commun, l’État a bien le devoir de sanctuariser le dimanche, c’est-à-dire de protéger l’homme du tout économique.

Ce temps de repos en tant qu’il concerne tous les hommes ne saurait sans injustice lourde être vécu seulement par un petit nombre d’heureux du monde qui n’appliqueraient pas la règle d’or qui veut qu’on ne fasse pas aux autres ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur fît. Le dimanche, comme un certain nombre de jours fériés, avait été institué non seulement pour le culte mais pour défendre le pauvre. On doit réaffirmer son importance essentielle pour la société tout entière quand, vécu par tous, le dimanche peut être le jour des liens, liens sociaux, liens familiaux, associatifs, facteur d’unité, jour de rencontres intergénérationnelles heureuses pour des citoyens vivant ainsi au même rythme. À chaque fois d’ailleurs que dans l’histoire, le repos est en péril, la santé des hommes l’a été également et les morts prématurées.

Jour écologique, le dimanche protège l’homme plus précieux que l’air et que l’eau. C’est ainsi qu’on est en droit de conclure à la profonde modernité de la protection de ce jour alors même que les tenants du travail le dimanche, faisant plier la réalité à leurs désirs, ne manquent pas une occasion de vouloir mettre du côté de l’irrationnel les arguments de ceux qui leur résistent.

Considérer l’homme comme « seule force de travail » (Benoît XVI) fait penser à des heures pas si éloignées des totalitarismes athées du XXe siècle qui ont persécuté jusqu’aux assemblées dominicales ou qui ont affiché jusqu’à l’idéologie, jusqu’aux portes des camps de concentration que le travail rendait libre [13]. Redisons-le, c’est le jour de repos dominical qui humanise le travail et rend libre, pour peu qu’on puisse le vivre. Le dimanche est espace libre pour tous où l’homme peut s’adonner aux loisirs et aux divertissements bien légitimes.

Plus particulièrement, en ce jour libre, on se restaure [14]. L’homme devrait pouvoir se garder le dimanche des travaux asservissants, des œuvres serviles, corporelles à la pénibilité reconnue lourde ; ne pourrait-il pas alors s’adonner aux œuvres dites libres, celles de l’esprit, celles de l’âme, comme faire travailler son intelligence ou autre chose semblable, les œuvres auxquelles on ne peut astreindre l’homme ? Ainsi, le dimanche l’homme devrait-il pouvoir laisser de côté pour un temps les affaires terrestres.

FIn-des-Temps-Modernes.png

Qui oserait ne pas reconnaître que cela satisfaisait à une vision complète et noble de la personne humaine, à la reconnaissance de toutes ses dimensions ? Être spirituel, l’homme n’a-t-il pas à rassasier sa part transcendante, renouer avec ce qui le grandit dans un don gratuit de lui-même ? N’a-t-il pas à raviver en lui le spirituel [15] ? à donner du temps aux choses nécessaires qui le font vivre de manière essentielle ? à donner du temps aux choses qui demeurent ?

Malmener le dimanche, c’est en conséquence malmener son esprit – intelligence et cœur – la haute part, la part pensante, contemplative et aimante de l’homme, qui n’est pas qu’animal cherchant sa subsistance ou ne vivant que pour le matériel.

Changer de vie

La liberté du dimanche doit être respectée au-delà des significations religieuses, au-delà d’une piété habituelle à tous les peuples, au-delà d’une justice que ceux-ci rendent à leurs figures tutélaires. Non, n’en déplaise aux promoteurs du travail le dimanche, il n’y a pas deux camps irréductibles qui s’opposent, les pragmatiques [16] et les irrationnels [17]. Il n’y a en réalité qu’un défi commun, « l’homme intégral » à développer, à sauver. Le dimanche a du sens. Il est emblématique d’une culture évoluée, celle d’une civilisation de la transmission de la vie ; on devrait tout mettre en œuvre pour qu’il ne soit pas effacé au profit du seul divertissement hédoniste et des loisirs vides.

Il convient surtout de ne pas inverser les priorités et le politique serait bien avisé de veiller plutôt à la réalisation effective des services sociaux élémentaires le dimanche (santé, sécurité), laissant l’activité économique et marchande les six autres jours. Si tous les chrétiens, sel de la terre qui ne doit pas s’affadir, se ressaisissaient, eux dont la responsabilité est si grande à l’égard de ce dimanche violé, leur présence pourrait bien être à nouveau le socle sur lequel toutes les raisons de maintenir le repos dominical continueront de vivre [18].

Dans son encyclique sociale Caritas in veritate, « guide pour orienter l’action » selon la belle expression de Jean-Paul II, encyclique se présentant comme une réponse aux res novæ « choses nouvelles », Benoît XVI évoque la place du don dans la vie sociale. L’encyclique est un refus du tout travail et du tout économique, un appel à la conversion spirituelle et morale. Le pape nous livre des pistes d’ouverture pour infléchir les modes de fonctionnement de la vie sociale. Admettons humblement que le dimanche est un rempart contre l’idole que peut représenter pour l’homme son propre travail [19]. Protéger le dimanche en France et plus largement en Europe, protéger le jour de l’amitié entre les hommes, fait partie de ces pistes d’ouverture urgentes. Mais pour cela un changement de cap est absolument nécessaire. Sommes-nous prêts à « adopter de nouveaux styles de vie [20] » ?

H.B.

 

 

Hymne de saint Ambroise  
   
æterne rerum conditor 
noctem diemque qui regis
et temporum das tempora
ut alleues fastidium 
Éternel créateur du monde,
toi qui gouvernes les nuits et les jours
fais succéder les temps aux temps
pour alléger la lassitude

 

Præco diei iam sonat
noctis profundæ peruigil
nocturna lux uiantibus
a nocte noctem segregans 
Le héraut du jour déjà sonne
le veilleur de la nuit profonde,
clarté nocturne aux voyageurs,
séparant la nuit de la nuit.

 

Hoc excitatus lucifer
soluit polum caligine
hoc omnis errorum chorus
uias nocendi deserit 
Par lui réveillé, Astre porteur de lumière
Délivre le ciel des ténèbres,
par lui tout le chœur des rôdeurs
abandonne les voies du mal.

 

Hac nauta uires colligit
pontique mitescunt freta
hoc ipse petra ecclesiæ
canente culpam diluit 
Par lui le marin reprend force
et la houle des flots s’apaise ;
La Pierre même de l’Église
à son chant a lavé sa faute.

 

Surgamus ergo strenue
gallus iacentes excitat
et somnolentos increpat
gallus negantes arguit 
Levons nous donc avec courage ;
le coq éveille ceux qui gisent,
invective les somnolents ;
le coq confond les renégats

 

Gallo canente spes redit
ægris salus refunditur
mucro latronis conditur
lapsis fides reuertitur 
Au chant du coq, l’espoir renaît,
la santé revient aux malades,
l’arme du bandit se rengaine,
la foi s’en retourne aux pécheurs.

 

Iesu, labantes respice
et nos uidendo corrige
si respicis lapsus cadunt
fletuque culpa soluitur 
Jésus, regarde qui chancelle
et par ta vue corrige-nous
sous ton regard, nos faux pas cessent,
nos pleurs effacent notre faute.

 

Tu lux refulge sensibus
mentisque somnum discute
te nostra vox primum sonet
et vota soluamus tibi 
Reprends ton éclat dans nos âmes,
dissipe le sommeil du cœur ;
pour toi d’abord, que nos voix sonnent :
acquittons nos vœux envers toi. 

 

 

 


[1]. « L’œuvre du Père c’est que vous croyez en celui qu’il a envoyé » (Jn, 6, 29). « Il m’enseignait que les œuvres procèdent de la foi, qu’avec la foi viennent les œuvres, et qu’il n’y a que les œuvres de la foi » écrira Mélanie Calvat, la bergère de la Salette visitée par le Christ.

[2]. Premier précepte de l’Église. Constitution ecclésiastique plutôt qu’un commandement. Loi nouvelle de l’amour.

[3]. Du latin cardo,-inis m : gond, pivot. Qui sert de pivot, de centre. Synonyme d’« essentiel », de « fondamental », de « principal ». Le dimanche est jour propice à vivre des vertus cardinales de foi, d’espérance et de charité.

[4]. Positif. Premier sens donné dans le Robert : « Qui a été établi par institution divine ou humaine (opposé à naturel). »

[5]. L’effacement du dimanche chrétien s’accélère depuis le XIXe siècle comme l’indiquent les repères chronologiques suivants. 1814 : loi sur le repos du dimanche et des fêtes religieuses. 1846 : fondation par Karl Marx du premier parti communiste. 1848 : révolution, Louis-Napoléon Bonaparte élu président de la République. 1863 : Renan Vie de Jésus. 1864 : fondation de la première Internationale. 1869 : ouverture de l’Anti-concile de la libre pensée à Naples. 1870 : déclaration de guerre, capitulation de Napoléon III, IIIe République, siège de Paris. 1871 : Commune de Paris. 1879 : dissolution de la Compagnie de Jésus. Laïcisation des commissions des hôpitaux et des bureaux de bienfaisance. 1880 : abrogation de la loi sur le repos du dimanche et des fêtes religieuses. 1882 : école laïque et obligatoire, 1905 : loi de séparation des Églises et de l’État.

[6]. Et les évêques comptent aussi sur les laïcs pour le dire. (Mgr Guyard, évêque du Havre, sur les ondes de Radio Notre-Dame le 19 novembre 2008)

[7]. C’est l’empereur Constantin au IVe siècle qui permit le repos dominical pour tous.

[8]. Le Christ se repose au tombeau le jour du sabbat, lors du « grand sabbat » du samedi saint. En vue de la nouvelle création, le Christ se repose de la grande œuvre qu’est la Croix.

[9]. La libéralisation du travail du dimanche sera préconisée par la commission Attali, puis mise en œuvre par la proposition de loi Mallié (août 2009).

[10]. Les arguments des promoteurs de la libéralisation du travail le dimanche ne doivent pas être occultés : « la France n’étant plus uniconfessionnelle », son repos dominical qui impose de ne pas travailler le dimanche « jour issu de la tradition chrétienne » s’inscrivait au niveau européen sur « une ligne trop conservatrice ». Qualifiée d’ailleurs « d’un autre siècle », la législation actuelle, unanimement reconnue pourtant progrès social depuis 1906, devait céder le pas à une proposition de loi plus compatible avec la laïcité spécifique et avec une modernité sans cesse en évolution de la France : en effet, certains ne voient pas pourquoi dans un pays laïque, le jour de temps libre doit passer par le choix du même jour pour tous, soit le dimanche en pays de culture chrétienne. D’autres ne manquent pas d’ajouter qu’au niveau européen, la Cour de justice ayant annulé en 1996 la spécificité du dimanche, la compétence des États est entière pour évoluer sur cette question.

[11]. Abrogée par ordonnance, l’obligation du repos dominical a évolué depuis le 1er mai 2008 : de la formule « Le repos doit être donné le dimanche », on est passé subrepticement à « Le repos est donné le dimanche ». Le verbe devoir est passé à la trappe. Le dimanche chômé, une simple préférence désormais.

[12]. Compendium de la doctrine sociale de l’Église (n. 360)

[13]. Arbeit macht frei à l’entrée du camp d’Auschwitz.

[14]. L’Église dit par exemple donner de « la force » et des « vivres », comme le chante le psaume 110 des vêpres du dimanche.

[15]. La prière est « l’œuvre de Dieu » dit saint Benoît. Le dialogue spirituel avec la source de sa vie est sans nul doute ce qu’il y a de plus précieux à protéger.

[16]. Richard Mallié sur les ondes de Radio Notre-Dame a fait valoir sa foi catholique, son éducation chrétienne pour promettre qu’on n’irait pas plus loin, que la loi visait simplement à encadrer des dérogations, que c’était une « petite loi » qu’il voulait depuis… six ans ! Belle opiniâtreté. Que signifie la foi si elle n’éclaire pas les actes ?

[17]. Je m’interroge sur la fortune de certains adjectifs qui rebondissent dans les médias. Ségolène Royal et ses épigones ne cessaient de renvoyer pendant la campagne électorale l’adjectif « brutal » à propos de Nicolas Sarkozy. Les promoteurs du travail le dimanche quant à eux ne manquent pas une occasion de qualifier d’« irrationnels » les défenseurs du repos dominical. Technique de communication destinée à marginaliser l’opposant ? Personne n’est dupe !

[18]. Cf. le commentaire de l’épisode évangélique de Marthe et Marie, par saint Augustin. « Deux femmes, […] les deux ont reçu le Seigneur, deux vies estimables, toutes deux droites, l’une faite de travail, l’autre de repos… L’une de travail, mais exempte de compromissions, écueil d’une vie donnée à l’action ; l’autre exempte d’oisiveté, écueil d’une vie de loisir. Il y avait là deux vies, et la source même de la vie… La vie de Marthe, c’est notre monde ; la vie de Marie, le monde que nous attendons. Vivons celle-ci avec rectitude, pour obtenir l’autre en plénitude. Que possédons-nous déjà de cette vie-là ?… » Saint Augustin, Sermon 104 ; PL 38, 616 (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 92 rev.)

[19]. Benoît XVI à Paris, homélie aux Invalides, « Saint Paul explique aux Colossiens que la cupidité insatiable est une idolâtrie (Cf. 3,5) et il rappelle à son disciple Timothée que l’amour de l’argent est la racine de tous les maux. Pour s’y être livrés, précise-t-il, « certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes des tourments sans nombre » (1 Tm 6, 10). L’argent, la soif de l’avoir, du pouvoir et même du savoir n’ont-ils pas détourné l’homme de sa Fin véritable ? »

[20]. Benoît XVI, Caritas in veritate, 2009 : « La façon dont l’homme traite l’environnement influence les modalités avec lesquelles il se traite lui-même et réciproquement. C’est pourquoi la société actuelle doit réellement reconsidérer son style de vie qui, en de nombreuses régions du monde, est porté à l’hédonisme et au consumérisme, demeurant indifférente aux dommages qui en découlent. Un véritable changement de mentalité est nécessaire qui nous amène à adopter de nouveaux styles de vie « dans lesquels les éléments qui déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune » (Centesimus annus, n. 36). Toute atteinte à la solidarité et à l’amitié civique provoque des dommages à l’environnement, de même que la détérioration de l’environnement, à son tour, provoque l’insatisfaction dans les relations sociales. À notre époque en particulier, la nature est tellement intégrée dans les dynamiques sociales et culturelles qu’elle ne constitue presque plus une donnée indépendante » (n. 51).

 

***

Illustrations : Les Temps modernes, Charlie Chaplin.

 

 

LP47.png

 

Article paru dans la revue Liberté politique n°47.  Communication à la table ronde du 6 octobre 2009 “Vivement dimanche !” au Centre culturel de Franklin.

(Au nombre des articles préparatoires à la parution d’À Dieu, le dimanche ! Éd. grégoriennes, Gap, 2010).

 

LP 44

 

Voir également paru dans la revue Liberté politique n°44 ou sur ce blog article “Pourquoi le dimanche ?”

(Au nombre des articles préparatoires à la parution d’À Dieu, le dimanche ! Éd. grégoriennes, Gap, 2010).