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“Foi et raison” au Centre culturel de Franklin (Paris)

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Ce mardi 11 décembre, le Centre culturel de Franklin avait invité, au coeur de l’année de la Foi, jeunes, parents et professeurs à réfléchir autour du thème Foi et raison. Paul Clavier, docteur en philosophie et professeur à Sciences Po ainsi qu’à Normale supérieure, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, docteur en théologie, évêque auxiliaire de Paris, ont respectivement pris la parole et répondu aux questions d’auditeurs, venus nombreux pour cette soirée. Le compte-rendu sera bientôt en ligne. Ci-dessous mon introduction à la soirée. 

 

Foi et raison. Ce soir nous voudrions nous attarder sur une petite conjonction de coordination qui n’a l’air de rien. Un « et » coordonnant, liant deux noms « foi »  « raison ». Quel statut donner à ce « et » ? Que veut-il dire ? Met-il un rapport d’unité ? d’opposition ? Benoît XVI, le 21 novembre dernier lors de sa catéchèse sur la Foi disait ceci place Saint-Pierre :

 

« Aujourd’hui je voudrais m’arrêter sur la raison de la Foi en Dieu. La tradition catholique, dès le début, a rejeté le fidéisme, la volonté de croire contre la raison. “Je crois puisque c’est absurde”, n’est pas une formulation qui interprète la Foi catholique. Dieu en effet n’est pas absurde, il est peut-être mystérieux. Le mystère à son tour n’est pas irrationnel mais surabondance de sens, de significations, de vérité. Si en regardant le mystère la raison voit le noir, ce n’est pas parce que dans le mystère il n’y a pas de lumière mais plutôt parce qu’il y a trop de lumière. »

 

Alors que l’année de  la foi voulue par le pape bat son plein, nous avons voulu dans le cadre et la mission du centre culturel de Franklin reprendre l’intitulé même d’une des deux dernières encycliques du bienheureux Jean-Paul II Fides et ratio promulguée en septembre 1998, texte marqué par l’infaillibilité pontificale comme toute encyclique. Chacun sait que les œuvres de fin de vie, on le voit chez nombre d’écrivains, sont majeures. Pour le pape slave, en pleine préparation de la célébration du grand jubilé de l’an 2000, la séparation de la Foi et de la raison est un drame, drame de l’humanisme athée qu’il a connu plus que tout autre. La modernité exaltant l’autonomisation de l’homme a en effet liquidé Dieu. Comme « privé de lieu » ainsi que le rappelle l’auteur de Nous autres, modernes, l’Éternel est devenu « sans domicile fixe ». Avec la désactivation de la Bible, la théologie se trouve ipso facto limogée, cette « science sacrée », cette « science suprême », la science des choses divines, le « type d’activité le plus élevé » désormais vouée à n’être plus qu’« anti-science », « anti-philosophie ». S’en est allé le système du monde relevant de l’ordre des fins et non pas des causes, un monde entièrement « fondé dans l’être et non dans le devenir » ; s’en est allée la quête des choses premières. Les temps modernes correspondent à un « ébranlement métaphysique ».

 

L’ébranlement métaphysique


C’est conscient de ce formidable ébranlement, inouï même, que l’auteur de Veritatis Splendor, le vieux pape déjà malade, s’adresse une treizième fois (sur quatorze) à toute l’Église, à tous les croyants, les invite de manière pressante à former leur intelligence, à une formation de l’intelligence au service de la foi et de la parole de Dieu. La Révélation, on la reçoit bien sûr dans la Foi ; mais cette Révélation ne peut être comprise que si l’intelligence est formée par un regard philosophique, que si la philosophie retrouve sa dimension sapientielle, que si l’abondance des biens sensibles n’étouffent pas la soif des biens spirituels, que si la soif de vérité au lieu de s’éteindre est ravivée : vérité et ses trois ordres de sagesse, sagesse philosophique, sagesse théologique, sagesse mystique.

 

Le paragraphe 44 de l’encyclique est à cet égard central avec la mise en valeur et la grandeur de saint Thomas d’Aquin. Jusqu’à une époque encore récente, était affirmé le rôle de l’Esprit-Saint pour faire « mûrir » la connaissance humaine en vraie sagesse ».

 

« Ce primat de la sagesse (sagesse mystique) ne fait pas oublier deux formes de sagesse la sagesse philosophique qui se fonde sur la capacités de l’intellect à rechercher la vérité à l’intérieur des limites qui lui sont connaturelles et la sagesse théologique qui se fonde sur la Révélation et qui examine le contenu de la foi atteignant le mystère même de Dieu. »


Le paragraphe 83 précisera encore en affirmant que la philosophie doit être de « portée authentiquement métaphysique » pour que la théologie puisse exister, puisse demeurer, grand lien entre une métaphysique de l’être – ce grand comment de la personne, victorieuse du devenir- et une théologie.

 

Foi et raison : quelle harmonie ? quel dialogue ? quels points de rencontre ?


Ce soir nous allons essayer de comprendre la raison de croire, la raison de la Foi, Foi et raison, Fides et ratio, en nous plaçant du côté d’une harmonie possible, en nous demandant s’il y a rencontre possible entre les deux. Ce n’est pas d’abord l’unité entre les deux qui nous importera. Nous voudrions nous attarder sur ces points où la Foi et donc avec la Foi la théologie rencontre l’intelligence et avec l’intelligence la philosophie. H.B.

 

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Programme du centre culturel de Franklin ici

Directrice Marie-Christine Ory-Lavollée.