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Quels états généraux de bioéthique en un âge post-chrétien ?

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Cette semaine ont été ouverts à grand renfort médiatique les états généraux de bioéthique. Six mois pleins donc pour un débat « serein », nous affirme-t-on. « On ne pourra pas nous refaire le coup du mariage pour tous », s’est même exclamé Gérard Larcher. Entendons avec le président du Sénat, le « coup » des millions de gens dans la rue que l’on sera obligé de nier sans vergogne ensuite. Ça ferait vraiment trop désordre. Aux multiples manifestations monstres, il s’agit ainsi de préférer le dialogue entre petits comités éclairés. Dans le package des questions à débattre allant entre autres de la PMA pour toutes à la GPA et à l’euthanasie, des transgressions majeures. Une certaine anthropologie a vécu. L’ère post-chrétienne est née avec son “tout est permis” dostoïevskien.

La Manif Pour Tous avait raison dans les grandes largeurs

Ce que va démontrer ce gouvernement de demi-habiles en votant tout cela, car ce sera voté, c’est que les marcheurs de 2013 avaient raison. Et l’on n’aura même pas attendu dix ou quinze ans pour cela, histoire que le passage en force ne se voie pas trop. Non, quatre ans pour que La Manif Pour Tous ait raison dans les grandes largeurs.

Quatre ans depuis janvier 2013, l’une des plus grandes manifestations qui se soient ébranlées à Paris. C’était en plusieurs cortèges. Je m’en souviens bien faisant partie du service d’ordre Place d’Italie responsable du cortège blanc. Nous n’étions pas encore partis à 15 heures. Nous ne sommes arrivés au Champ de Mars qu’à la nuit tombée, après tous les discours. La foule des centaines de milliers de manifestants était plus que consistante, énorme… Si l’on veut bien relire les pancartes de ces manifestations, force est de constater que tous les slogans n’exhibaient déjà que le problème de la déconstruction de la filiation auquel était liée la déconstruction du mariage. Mais l’on sait aussi que dès le début de la mobilisation, les promoteurs du mariage gay avaient voulu cantonner La Manif Pour Tous dans l’homophobie. Quatre ans après, l’on se rendra à l’évidence, cette stigmatisation n’était que stratégie efficace.

L’ère post-Manif Pour Tous ?

Quatre ans. Il aura fallu donc si peu de temps pour ouvrir les chapitres auxquels les premières digues explosées permettent d’accéder. Quatre ans pour anesthésier tout le monde, autorités politiques balayées par les élections, autorités religieuses promptes à se désolidariser d’une base formée et fervente. Glosons par exemple, en vrac, ces petites phrases sibyllines, ménageant la chèvre et le chou, les volte-face une fois la loi votée : “il faut vite se retrouver dans le bon camp du sens de l’Histoire. Oui, on a pu se retrouver dans une Manif pour tous, être pris en photo même, mais au fond, c’était un peu par hasard. N’en parlons plus de cet épisode malheureux un peu excité.” Heureusement d’ailleurs qu’il y a le journal La Croix tête de pont de la conversion des esprits ! bioéthique

On voudrait nous faire croire que si débats en états généraux sont aujourd’hui nécessaires c’est qu’auparavant, les arguments auraient été peu solides, idéologiques, qu’on ne saurait pas voir la complexité des choses, pas faire d’état des lieux de la société telle qu’elle est avec son progrès radieux. L’argument est admirable ! Rien de plus tordu. Beaucoup voudraient en réalité étouffer le poids de La Manif Pour Tous au nom d’une populaire argumentation qui ne vaudrait pas au regard de celle d’éminents penseurs, comme ceux du CCNE par exemple, du Défenseur des droits, du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes. CCNE remanié au cordeau, rappelons-le, revenant sur son avis de 2005 et qui peut ainsi donner satisfaction avec les apparences intellectuelles qui vont bien à un lobby aussi puissant que riche.

Pensées captives

Quatre ans pour étouffer des millions de Français non violents au moment où l’on se couche devant une poignée de zadistes violents. Quatre ans pour juguler La Manif Pour Tous. Quatre ans pour faire taire l’Église. Quatre ans pour imposer un tournant transhumaniste diabolique. Quatre ans pour priver un enfant de père. Le vingtième siècle fut le siècle de la mort de Dieu. Le vingt et unième sera-t-il sa fille, celui de l’homme-dieu ? Quelque-chose d’antéchristique dans tout cela… Un début de siècle déjà fin de siècle !
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Lire sur le site de La Manif Pour Tous “Communiqué de Presse : Prudence sur les sujets sensibles qui touchent à l’intime !”

Lire sur le site de la revue Limite “Nadia Daam et la GPA : L’hôpital qui se fout de la charité”