Par

2007-2017 : l’humiliation permanente

humiliation

Les résultats sont tombés. Conformes aux sondages cette fois-ci. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont au deuxième tour de cette inénarrable présidentielle 2017 qui décidément réservera ses surprises jusqu’au bout. L’étonnement nous saisit nous qui pensions que malgré les affaires, malgré surtout les lâchages en grand des ténors des Républicains, François Fillon renouvellerait son exploit formidable des Primaires. Le mot sidération serait d’ailleurs plus juste. Alors que trois meetings d’En Marche avaient été annulés, après des meetings qui n’avaient pas fait le plein, alors que ceux de François Fillon se succédaient pleins comme des œufs, voilà que l’ancien ministre de François Hollande se qualifie jusqu’à finir en tête du suffrage. Incroyable ! Incompréhensible. Avec ce jamais vu dans la promulgation des résultats : à 22 heures, on reporte à minuit. À minuit toujours pas de déclaration du ministre de l’Intérieur comme aux élections précédentes. Il faudra attendre trois heures du matin pour qu’aux estimations succèdent les résultats.

La chance de Macron

Les jeux sont donc faits. Si Emmanuel Macron l’emporte c’est que nombre d’électeurs de droite l’ont vu comme le meilleur « rempart » contre Marine Le Pen dont la plupart ne veulent pas, anticipant dès le premier tour les résultats catastrophistes d’un deuxième tour annoncé, d’une candidate donnée dans tous les cas de figure présente. Pourquoi Macron ? « Plus ouvert » m’a avancé une personne, sans déployer un seul argument de fond. C’est mince, vous avouerez. En cela, le gros chèque en blanc signé par toute une partie des électeurs de droite – les juppéistes ? – vont être la chance d’Emmanuel Macron. Agréger les votes si facilement laisse coi.

François Fillon, dont le programme au cordeau, les discours experts révélaient une évidente présidentialité, aura à  l’inverse subi une campagne plus qu’inique. Terminer dans de telles conditions à 20% relève de l’exploit. Victime d’une meute médiatico-financière mais également de soutiens couards, il lui manque un malheureux point et demi qui va désormais continuer de liquider pour longtemps la droite. Comment en effet, ceux qui, sans cesse de novembre à avril, ont explosé l’unité pourraient-ils aujourd’hui l’exiger à cor et à cri pour le deuxième tour ?

Déconstruction et émancipation incantatoire

L’énorme déconstruction hollandienne initiée sur fond d’émancipation incantatoire va donc se déployer radieuse et printanière. Avec Emmanuel Macron, le quinquennat Hollande a de beaux jours devant lui conforté comme jamais par le grand nombre des transfuges républicains du second tour. Le détricotage de notre civilisation continuera. Il n’est pas besoin de rappeler le démantèlement du repos dominical par la loi Macron qui n’en est qu’à ses balbutiements ; pas besoin de rappeler la PMA immédiate pour les couples de lesbiennes, la GPA à moyen terme pour les couples d’hommes, le suicide assisté : c’est dans les tuyaux. Faire émerger un tant soit peu d’opposition à ces questions n’est-ce pas d’ailleurs pour l’ex-locataire de Bercy montrer un visage d’extrémisme ? Preuve en est les responsables de La Manif Pour Tous. Ils n’ont jamais été reçus par le candidat d’En Marche. Tous fachos ? Tous réacs comme se plaît à le tweeter Pierre Bergé ?

Emmanuel Macron avait, souvenons-nous-en, le temps de deux petites heures, laissé penser qu’il regrettait l’humiliation subie par La Manif Pour Tous. Cette compassion soudaine venait-elle d’ailleurs de lui ou de son épouse Brigitte qui « lui remonte » nombre de ses rencontres ? Se reprenant au plus vite, il avait en tout cas très vite infléchi ses propos après que ses riches soutiens LGBT avaient regimbé en chœur. Le mot humiliation était pourtant si juste. Le mal vient en effet de loin. Depuis 2007, depuis que Nicolas Sarkozy a nié le référendum de 2005, a ouvert à gauche au lendemain de sa victoire, depuis la Commission Attali dont le secrétaire général était déjà Emmanuel Macron, cela fait dix ans que la droite que nous voulons est flouée, va d’humiliation en humiliation, dupée comme jamais. L’humiliation de cette élection volée, de ce 23 avril, s’ajoutant à toutes les autres en est comme un sommet, infligée encore par cette droite insensée. Continuera-t-elle comme si de rien n’était à ignorer ses électeurs toujours disciplinés mais toujours niés ? Il n’y a pas de raison que cela change, raison pourquoi l’indiscipline monte cette fois-ci… Elle a nom boomerang 2017 !

***

Chiffres définitifs du ministère de l’Intérieur. L’écart s’est resserré. Emmanuel Macron : 24,01 ; Marine Le Pen : 21,30 ; François Fillon : 20,01 ; Jean-Luc Mélenchon : 18,58. Il n’aura manqué qu’1,29 à Fillon pour être qualifié.

***